Les eaux usées, baromètre de la circulation du Covid-19 pour les scientifiques

Des prélèvements sont effectués chaque semaine dans 150 stations d'épuration du pays, puis soumis aux scientifiques. C'est en effet dans les eaux usées que se lit le mieux la situation du Covid-19. L'une de nos équipes s'est rendue ce lundi dans la station de Colombes, dans les Hauts-de-Seine.

Avant même les soignants, qui dépistent et traitent les individus contaminés, une mesure permet de rendre compte de la circulation du Covid-19 en France: celle des eaux usées. Des prélèvements sont effectués scrupuleusement chaque semaine dans 150 stations d'épuration du pays afin de juger au mieux de l'évolution du virus, de sa progression ou de son éventuel repli. L'une de nos équipes a assisté à l'un de ces prélèvements à Colombes dans les Hauts-de-Seine, pour un reportage diffusé ce lundi.

A la recherche des traces du virus

Au-dessus de ce bassin qui concentre le contenu des toilettes d'un million de Franciliens, Sophie, du syndicat interdépartemental pour l'assainissement de la région parisienne, décrit: "C'est l'eau brute, l'eau d'entrée de station, provenant des égoûts et notamment de la ville de Paris." Egalement présent Sam Azimi, de la même organisation, complète:

"Le Covid, comme tous les virus, est rejeté par nos sécrétions donc forcément celles-ci se retrouvent dans les eaux usées. Concernant la région parisienne, les sécrétions viennent à l'entrée de cette station. On cherche des traces du virus, au travers de son ARN, pour voir s'il était là et en quelle quantité."

Anticipation

Les prélèvements, d'abord coulés dans des flacons, sont aussitôt envoyés en laboratoire. Et la matière est précieuse pour le suivi et la connaissance de l'épidémie. Ainsi, selon ces relevés, la seconde vague du virus était inéluctable dès le mois de juin, tandis que le gouvernement n'a concédé son existence qu'à la mi-octobre.

Vincent Maréchal, professeur en virologie à la Sorbonne et membre de l'Observatoire épidémiologique des eaux usées, pose:

"En suivant ces stations tout l'été, on a pu voir que les concentrations de virus dans les eaux usées ont augmenté, jusqu'à atteindre ces dernières semaines les mêmes niveaux que pendant la première vague. Donc ce que ça démontre également, c'est qu'on peut anticiper la circulation du virus dans une population".

Robin Verner avec Antoine Heulard et Sébastien Riou