BFMTV
Santé

"Je me suis évanouie": une femme intoxiquée après avoir mangé de la farine de sarrasin biologique

Une galette faite à partir de farine de sarrasin.

Une galette faite à partir de farine de sarrasin. - Fred Tanneau

Après avoir mangé une pizza puis des crêpes à la farine de sarrasin biologique contaminée à la Datura, une famille de Bretagne a été fortement intoxiquée. La mère de famille a perdu la vue. Dans la région, près de cinquante personnes sont concernées.

"Aujourd'hui, je suis gravement malade". En Bretagne, en l'espace de quelques mois, près d'une cinquantaine de personnes ont été intoxiquées après avoir consommé des plats contenants de la farine de sarrasin bio contaminée, rapportent nos confrères du Télégramme.

C'est le cas d'une famille de Redon, petite ville de près de 9.000 âmes dans le département de l'Ille-et-Vilaine. Milo, mère de deux enfants, est la première du foyer à avoir été touchée après avoir mangé une pizza. "J'étais en bonne santé avant", confie-t-elle dans les colonnes du journal.

"Nous avons perdu la vue"

Ce soir du mois d'avril dernier, la pizza qu'elle mange est faite avec de la farine de blé noire biologique contaminée au Datura, une plante particulièrement toxique qui pousse notamment dans les champs.

Dans les graines de cette dernière se trouvent des alcaloïdes, notamment de l'atropine, qui, selon le ministère de l'Agriculture, sont utilisées en pharmacologies pour ses vertus thérapeutiques mais qui peuvent aussi s'avérer toxiques si la dose est dépassée ou que les prises sont répétées.

Quelques minutes après avoir terminé le repas, la mère de famille fait un malaise, sans faire un lien avec son plat. Ce n'est que le lendemain quand toute la famille décide d'aller manger des galettes bretonnes. "Là, on est tombés tous les quatre", se remémore-t-elle auprès du Télégramme.

Comme l'indiquent les autorités, l'un des symptômes est le trouble de la vue. C'est ce qu'il se passe dans la maison. "Nous avons perdu la vue", précise Milo.

L'ARS fait le lien avec d'autres signalements

Dès lors, toute la famille se rend aux urgences, qui pense d'abord à une consommation "de drogues". "Au final, ils nous ont laissé partir sans savoir ce que l'on avait", ajoute-t-elle.

À cette époque l'Agence régionale de santé (ARS), est avisée. "L'ARS Bretagne a reçu 11 signalements, entre le 15 et le 29 avril, concernant 49 personnes intoxiquées, dont cinq enfants", précise-t-elle au Télégramme en ce mois d'août.

Parmi ces personnes, deux ont été hospitalisées, et trois sont passées aux urgences "quelques heures". L'autorité clôt pourtant rapidement le dossier. Mais pour la mère de famille, les soucis de santé s'empirent.

"J'ai eu des problèmes neurologiques et désormais cardiaques. À l'hôpital, on nous a dit que ça allait passer, mais ce n'est pas le cas", grince-t-elle.

En contact avec un centre antipoison, la famille sait qu'il existe "peu de spécialistes de toxicologie" en France. Elle sait aussi que d'autres personnes se trouvent dans le même cas de figure.

Le producteur assure avoir pris des mesures

Après quelques mois, Milo elle, n'a toujours pas retrouvé la vue et ne peut toujours pas travailler. La mère de famille aimerait intenter un recours collectif contre le fabriquant. "On ne sait pas qui sont les autres. On est un peu livrés à nous-mêmes", regrette celle qui a l'impression que l'affaire "passe sous silence".

Quant au lot de farine, il a été rappelé après les signalements. Le Télégramme précise que le fabricant assure avoir pris "toutes les mesures pour garantir la sécurité de la farine de sarrasin avec les services sanitaires."

Les prochains lots feront l'objet de "contrôles" et d'"analyses" pour garantir la consommation. De son côté, la famille regrette "n'avoir reçu aucun message" d'excuse.

Martin Regley Journaliste