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Santé

"Handicapé à vie": opéré par erreur d'un cancer du rectum, il réclame près de 2 millions d'euros à l'hôpital

Une salle d'opération (illustration)

Une salle d'opération (illustration) - AFP

Un patient âgé de 45 ans a été opéré pour un cancer du rectum à l'hôpital de Dole en 2012. Une opération inutile qui lui a causé ensuite des complications médicales. Depuis plus de dix ans, il se bat pour obtenir réparation.

Opéré pour un cancer qui n'existait pas. Un patient âgé de 45 ans, préférant rester anonyme, a été hospitalisé pour un cancer du rectum à l'hôpital Louis Pasteur de Dole, dans le Jura. L'intervention était en réalité inutile et a ensuite entraîné des complications. Il demande désormais réparation, rapportent Le Progrès et L'Est Républicain.

En 2012, le Dolois est pris soudainement de fortes douleurs "sur le côté". Une souffrance si forte qu'il décide de se rendre aux urgences les plus proches, situées à l'hôpital Louis Pasteur.

Un peu plus d'une semaine plus tard, le patient subit une coloscopie lors de laquelle, selon ses médecins, un "polype cancéreux est enlevé".

Cinq opérations

Alors qu'il se pense sorti d'affaire, le quadragénaire apprend une difficile nouvelle de son médecin: il est atteint d'un cancer. "Si on ne vous opère pas, vous mourrez", le prévient le chirurgien.

En juin 2012, le Dolois passe donc sur la table d'opération pour subir une "résection rectale", c'est-à-dire qu'on lui retire une partie de son rectum. Malheureusement, l'intervention ne se passe pas comme prévu, car les médecins ont "percé l'intestin", dit-il. Il doit donc subir une nouvelle opération dès le lendemain.

Mais là encore, les praticiens percent une nouvelle fois son intestin sans le vouloir. En raison de ces erreurs médicales répétées, le quadragénaire sera opéré en tout à cinq reprises.

"Handicapé à vie"

Ces interventions médicales répétées ne sont pas anodines et ont des conséquences sur la santé du patient. Pendant son hospitalisation, il devra un temps passer par le service de réanimation, tandis que son pronostic vital sera deux fois considéré comme engagé.

Depuis, le Dolois garde des séquelles de ces errements médicaux. En l'espace de quelques mois, le jeune père de famille, en pleine santé, est devenu dépendant.

"Je suis handicapé à vie avec une incontinence anale totale", déplore-t-il.

Pour lui, il est désormais impossible d'avoir une vie professionnelle et même de sortir de chez lui sans être accompagné.

Un rapport médical donne raison au patient

Le quadragénaire a décidé de ne pas se laisser faire. Il a engagé des poursuites contre l'hôpital de Dole auquel il réclame 1,9 million d'euros.

Après des années de bataille judiciaire, un rapport médical établit en 2020 que la première opération "ne se justifiait pas dès lors que le cancer avait été retiré en totalité à la biopsie (la coloscopie, NDLR)", rapporte Le Progrès.

Par ailleurs, l'expertise indique que le Dolois aurait dû également être "informé" des complications subies et être transféré dans un "service spécialisé" pour une meilleure prise en charge. De son côté, l'hôpital ne fait pas de commentaire, invoquant "le secret médical".

Une offre d'indemnisation refusée

En 2021, la commission de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux donne également raison au patient, estimant que la responsabilité de "l'intégralité des préjudices" revient à l'hôpital de Dole, et exige que le quadragénaire soit indemnisé via l'assureur de l'hôpital.

Le patient dit avoir reçu par la suite une offre d'indemnisation de 216.870 euros, une proposition qu'il refuse car pas à la hauteur du préjudice subi, selon lui.

Désormais, le quadragénaire a l'impression d'être dans une impasse. "Que l'hôpital débloque la situation", appelle-t-il. Sans emploi, il refuse de percevoir une pension d'invalidité "pour ne pas pénaliser le contribuable" et ne dispose donc d'aucun revenu. Plus de dix ans après ses opérations, il espère toujours obtenir justice.

Juliette Desmonceaux