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Espagne: un médicament pour la calvitie à l'origine du "syndrome du loup-garou" chez plusieurs bébés

Un nouveau né dans son berceau à la maternité. (Photo d'illustration)

Un nouveau né dans son berceau à la maternité. (Photo d'illustration) - Flickr - CC Commons - B. Kebodeaux

Les autorités pharmaceutiques de Navarre en Espagne ont mis en garde les consommateurs, après s'être aperçu qu'un médicament populaire pour lutter contre la calvitie pouvait avoir un lien avec le développement d'une hyperpilosité nommée "syndrome du loup-garou" chez les nouveaux-nés.

En Espagne, les autorités de pharmacovigilance s'inquiètent d'un possible lien entre le développement d'une hyperpilosité chez plusieurs bébés et la prise d'un traitement pour la calvitie ou alopécie par leur père.

Le journal espagnol El País rapporte que le centre de pharmacovigilance de Navarre (FEDRA) a mené une enquête sur un "effet indésirable grave" du minoxidil, un traitement vendu sans ordonnance qui a pour but de ralentir la chute de cheveux en cas de calvitie. Selon eux, ce médicament pourrait être à l'origine d'un "syndrome du loup-garou".

Gabriela Elizondo, cheffe du département de contrôle de la pharmacovigilance de Navarre, explique au quotidien espagnol que ce problème a été identifié "après la notification d'un cas de nourrisson qui pendant deux mois, a vu des poils apparaître sur le dos, les jambes et les cuisses à mesure qu'il grandissait".

Une dizaine de cas en Europe

Cette primo-enquête a permis de révéler que le père du nourrisson utilisait une lotion "avec minoxidil à 5 % par voie topique pour le traitement de l’alopécie androgénique" et qu'il était en congé parental pour s'occuper de son fils, "ce qui lui permettait de passer beaucoup de temps avec lui".

L'ensemble des cas d'hypertrichose -le nom médical de ce phénomène- chez les bébés en Espagne ont ainsi été passés en revue et cela a permis de mettre en évidence six autres cas chez des enfants de 9 mois ou moins dont les pères avaient fait usage de minoxidil. En élargissant l'étude à une base de données européenne, les autorités sanitaires se sont aperçues que cela concernait au total 11 bébés en Europe.

Cette anomalie est toutefois réversible. Le journal espagnol rapporte qu'une fois le traitement au minoxidil interrompu, les symptômes des bébés concernés ont complètement disparu. Depuis, l'Agence européenne du médicament (EMA) a néanmoins modifié les informations qui figurent sur la notice des produits pharmaceutiques contenant du minoxidil. L'agence considère qu'il existe "une possibilité raisonnable" que l'utilisation de ce produit et le développement de ce trouble de la pilosité soient liés.

Des précédents il y a cinq ans

Dans le détail, Gabriela Elizondo appelle toutefois à faire preuve de prudence dans la mesure où il est difficile de dire comment cette exposition au produit est transmise du père à l'enfant. Selon les premières hypothèses, cela pourrait s'expliquer par un simple contact peau à peau, étant donné que la peau des bébés est plus fine que celle des adultes. Cela pourrait aussi être dû à une administration indirecte par voie orale, par un potentiel effet de succion.

Les autorités sanitaires préconisent donc un bon nettoyage des mains après avoir utilisé tout médicament à base de minoxidil et de préférence, éviter tout contact physique avec les bébés après utilisation.

Ce n'est pas la première fois qu'un tel cas se présente en Espagne. En 2019 déjà, au moins 17 enfants en Espagne se sont vus pousser des poils partout sur le corps après avoir pris un mauvais médicament après une erreur d'étiquetage. Les parents se sont aperçus que leurs enfants développaient une pilosité anormale après avoir ingéré un médicament censé apaiser les reflux gastriques. Il s'agissait en réalité de minoxidil.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV