BFMTV
Santé

"Épuisés", "abîmés": en pleine reprise de l'épidémie, des soignants au bord du burn-out

placeholder video
Le personnel soignant, encore sous le choc de la première vague de l'épidémie de Covid-19, craint de devoir de nouveau affronter un manque de personnel.

Le nombre de personnes contaminées par le coronavirus en France ne cesse d'augmenter, ainsi que les hospitalisations et entrées en réanimation, faisant peser un poids important sur les hôpitaux. Le personnel soignant, encore sous le choc de la première vague de l'épidémie, craint de devoir de nouveau affronter un manque de personnel et de matériel face à la crise, et tire la sonnette d'alarme.

"Ils ne veulent pas revivre ça, ils sont vraiment traumatisés", raconte ce mercredi sur BFMTV Stéphany Orain-Pelissolo, psychologue, à l'origine de la plateforme téléphonique CovidEcoute. "Avec la perspective d'une seconde vague, on voit apparaître cette anxiété, ce stress, les troubles du sommeil", laissant redouter des syndromes de stress post-traumatique chez certains.

"Épuisés", "fatigués", "abîmés"

"Les soignants sont fatigués, ont été abîmés, ils ont envie de démissionner", alerte sur BFMTV Arnaud Chiche, anesthésiste réanimateur, fondateur du collectif Santé en danger. "Alors on se prépare, on fera le job, mais il faut comprendre qu'on va faire le job avec les mêmes moyens qu'en mars voire moins. Parce qu'on n'a pas retrouvé toutes nos capacités de mars".

Parmi les inquiétudes des soignants, un manque de renforts. À Lyon (Rhône), le plan blanc a été de nouveau déclenché. Il prévoit, entre autres, le recours à des professionnels de santé extérieurs, qu'ils soient étudiants, retraités, volontaires ou encore intérimaires. Les Hospices civils de Lyon ont également posté un message expliquant recruter "massivement infirmier(e)s et aides-soignant(e)s".

"Les soignants qui ont été en première ligne sont épuisés et sont très très inquiets d'une seconde vague, et notamment du fait que des volontaires qui ont été très présents lors de la première vague ne reviennent pas pour la seconde vague, dans la mesure où ils n'ont pas toujours été reconnus", notamment financièrement, explique Stéphany Orain Pelissolo.

Appelée en renfort pour la deuxième vague, Jessica, aide-soignante au CHU de Nice, déclare y retourner "à contre-coeur. Je le fais surtout pour mes collègues et pour les patients, mais j'y vais la boule au ventre, je n'ai pas envie d'y aller", explique-t-elle à BFMTV.

"Pas assez d'infirmières, de lits, de médicaments"

Comprenant ceux qui ne veulent pas reprendre du service, elle déplore les moyens développés dans les hôpitaux au niveau du personnel: "On se retrouve avec des gens qui n'ont pas travaillé depuis longtemps, des gens qui n'ont jamais fait de réanimation... On essaye de se serrer les coudes comme on peut parce qu'on n'a pas le choix en fait", explique-t-elle.

"Est-il normal de faire appel à des étudiants, à des retraités, à des volontaires... Qu'est ce que c'est que cette santé?", abonde Arnaud Chiche, qui déplore également les déprogrammations d'actes chirurgicaux, permettant de mobiliser matériel et personnel sur les patients Covid, mais preuve d'un "système de santé dégradé", selon lui. "Les soignants cela fait un mois qu'ils se préparent, avec les mêmes moyens qu'en mars", lance-t-il, alors que le manque de matériel dans les hôpitaux avait été vivement critiqué lors de la première vague.

"On ne peut pas accueillir tout le monde, il n'y a pas assez de places pour tout le monde, il n'y a pas assez d'infimières, pas assez de lits, pas assez de médicaments et il n'y a pas de matériel", alerte-t-il. Avec son collectif, il réclame un Ségur II de la Santé, et un investissement massif de l'État dans le système de santé français. "Nous on veut juste s'occuper des Français et faire face".
Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV