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Covid-19: pour Gilles Pialoux, "on est toujours en liberté conditionnelle"

Le scientifique appelle les Français à la plus grande prudence pour l'été à venir afin d'éviter une nouvelle vague à l'automne prochain.

Le Covid-19 est-il derrière nous? Invité ce vendredi matin sur BFMTV-RMC, Gilles Pialoux, chef des maladies infectieuses à l'hôpital Tenon à Paris, a fait le point sur l'épidémie de coronavirus en France. D'emblée, le professeur a prévenu, "le Covid est toujours là, il y a une décrue spectaculaire, c'est une décrue mais pas la marée basse."

"A Tenon, j'ai la moitié de mon service qui est occupé. On est en permanence autour de 13 malades en hospitalisation et sur 20 lits, il y en a 12 consacrés à la réanimation. On n’est pas du tout dans la situation où on était en juillet dernier avec zéro patient qui rentrait", ajoute-t-il.

Anticiper le comportement des Français

Pour Gilles Pialoux, les Français sont "toujours en liberté conditionnelle" vis-à-vis de l'épidémie. Il estime que si "tout le monde est focalisé sur l'été, nous on l'est sur l'automne. Les soignants sont épuisés, ils sont très inquiets par une recrudescence à l’automne."

"Ce qui est important c’est l'automne, et ne pas avoir un été d’insouciance totale. Les Français anticipent sur les mesures, si on leur dit d’enlever le masque en juillet, ils le feront le 15 juin, ils anticipent les annonces et les dépassent, à faire plus que ce qui est dit. Il faut en tenir compte car c’est une période d’incertitude, personne ne peut prédire", prévient le spécialiste.

Quant à la disparition du virus, Gilles Pialoux souligne de nouveau une diminution des cas et de l'incidence, "mais cela veut dire qu'il circule, et le taux de vaccination est insuffisant en France et en Europe."

Choisir "entre deux risques"

Alors que la France a connu mercredi un nouvel allégement des mesures coercitives mises en place afin de limiter la circulation de la maladie, une question se pose encore: va-t-on trop vite? A cela, Gilles Pialoux estime qu'il n'existe pas vraiment de solution idéale.

"C’est un faux débat, la question n’est pas de choisir entre un risque et pas de risque, mais entre deux risques. On sait que depuis le début de l’année l’exécutif choisit en dehors des avis scientifiques et il choisit entre deux risques. Il y a quelque chose à gérer c’est le ras-le-bol de la population", tance-t-il.

Finalement, concernant le port du masque, ce dernier estime que "la moindre des choses" est d'attendre le retour d'expérience de pays qui l'ont abandonné en extérieur, dont les États-Unis.

"Je vais continuer à porter le masque jusqu'à ce qu'on ait un élément de certitude sur la vaccination et la transmission. Des données en Israël disent que cela réduit considérablement la charge virale, mais il n'y a pas de risque zéro, et on est très loin de l'immunité collective", conclut-il.
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV