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Cinquième vague de Covid-19: faut-il fermer les marchés de Noël?

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Des règles strictes encadrent la tenue des marchés de Noël en France cette année. Mais certaines images de non-respect des gestes barrières à Strasbourg, la semaine dernière, posent la question de la dangerosité de ces événements, au moment où le Covid-19 émerge de nouveau dans le pays.

Strasbourg, Nancy, Paris-La Défense... En 2020, la plupart des marchés de Noël avaient été annulés, au moment où la France était frappée par une deuxième vague de Covid-19.

En 2021, ces événements très attendus en cette période de fin d'année se tiennent, mais avec des règles plus strictes: port du masque obligatoire, mise à disposition de gel hydroalcoolique à l'entrée... Dans son protocole sanitaire spécifique aux marchés de Noël, le ministère de l'Économie prévoit aussi de soumettre ces lieux au pass sanitaire, "dans des conditions qui peuvent faire l'objet d'échanges entre les élus et les représentants de l'État".

Avec la dégradation de la situation sanitaire en France, des questions commencent cependant à émerger concernant leur maintien dans le respect des règles sanitaires. Surtout après la diffusion des images de foules denses et de personnes sans masque au marché de Noël de Strasbourg, qui a ouvert ses portes le 26 novembre dernier.

Des "dérapages" au marché de Strasbourg

Josiane Chevalier, la préfète du Bas-Rhin, a appelé la mairie à faire un "gros effort de communication", lors d'une conférence de presse lundi, assurant qu'elle avait elle-même constaté "qu'un certain nombre de règles fixées (...) dans le cadre du protocole sanitaire n'avaient pas été comprises".

Un non-respect des gestes barrières qui inquiète les soignants strasbourgeois, alors que l'hôpital de la ville vient de déclencher son "plan blanc" face à la 5e vague du Covid-19. Dans le Bas-Rhin, le taux d'incidence était de 452,4 pour 100.000 habitants, ce jeudi, un chiffre bien supérieur à la moyenne nationale de 343 ce jour-là, et à 367 ce vendredi.

"Du point de vue médical, ce que je peux dire (c'est que) quand on voit les vidéos qui circulent sur les réseaux, on voit bien que la distanciation physique n'est pas respectée, que les gens n'ont pas de masques, même en dehors de moments où ils mangent", a déploré Emmanuel Andres, président de la Commission médicale d'établissement des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), à l'Agence France-Presse (AFP), avant d'ajouter que cela les "inquiétait beaucoup".

Une "catastrophe économique" en cas de fermeture

Emmanuel Andres a cependant dit à l'AFP ne pas avoir "d'avis" sur une éventuelle fermeture du marché de Noël, considérant que la question était "éminemment politique".

Si aucune fermeture n'a été décidée, pour l'instant, un renforcement des règles sanitaires a été mis en place dès ce vendredi. Dans un communiqué de presse, Josiane Chevalier a ainsi annoncé la mise en place du pass sanitaire à l'entrée des places Broglie et Kléber, l'augmentation des zones de restauration soumises à ce sésame et la fermeture du marché de Noël tous les soirs à 20 heures.

Pierre Bardet, le directeur général de l'association des commerçants les Vitrines de Strasbourg, a reconnu sur notre antenne "des dérapages", mais a également promis de "tout faire pour que le marché aille jusqu'au bout".

"On a mis en place des mesures drastiques à partir de ce vendredi matin. Les stands sont plus larges, on a doublé les allées et il faut maintenant le pass sanitaire pour rentrer dans le marché de Noël. Dans les rues, il faut absolument porter le masque. Ce serait une catastrophe économique si l'on devait fermer ce marché de Noël. Tout le monde doit s'impliquer collectivement pour le sauver et pour faire attention à la santé des gens", a-t-il expliqué sur BFMTV.

Un marché réorganisé à Mulhouse

À Mulhouse (Haut-Rhin), où le plan blanc a également été déclenché au sein de l'hôpital, le taux d'incidence atteignant les 457,4 pour 100.000 habitants, le marché de Noël est également maintenu, comme l'a annoncé Philippe Trimaille, adjoint au maire (sans étiquette) de la ville, sur BFMTV.

En raison de la crise sanitaire, la configuration du lieu a été adaptée, afin qu'il y ait "plus de distanciation", plus de "sécurité" et que l'endroit soit "plus aéré".

"On a fait en sorte que le marché de Noël se vive en déambulation. Sur la principale place où tout était concentré autrefois, nous n'avons pas mis de restauration pour ne pas que les gens se regroupent à cet endroit-là", a-t-il précisé sur notre antenne.

Des mesures strictement appliquées

Comme les mairies de Mulhouse et de Strasbourg, d'autres municipalités ont choisi de strictement appliquer les règles et recommandations du gouvernement pour ne pas participer à une forte hausse des cas. Dans la Loire, le pass sanitaire est obligatoire sur l'ensemble des marchés de Noël.

De même qu'en Corse, au marché d'Ajaccio. Le maire de la ville, Laurent Marcangeli, indiquait il y a quelques jours à France 3 Corse Viastella avoir mis en place des barrières avec des personnes pour contrôler les pass sanitaires, afin de ne pas avoir à renoncer à cet événement.

Quant à la ville de Cannes, si elle a décidé d'autoriser ses habitants à accéder librement au marché de Noël, il faut cependant montrer son pass sanitaire à chaque fois que l'on se présente devant un stand alimentaire et qu'on souhaite y consommer quelque chose.

"L'application du pass sanitaire en entrée de zone a généré dès le premier jour files d'attente et attroupements, qui du coup étaient contraires à la finalité même du contrôle du pass sanitaire", a expliqué Karin Topin-Condomitti, directrice générale des services de la Ville de Cannes, sur BFM Côte d'Azur.

"On est bien armés"

Ces mesures sont-elles suffisantes, ou faut-il fermer ces marchés de Noël face à la résurgence du Covid-19 en France? Récemment, ceux de Terrasson-Lavilledieu (Dordogne) et de Lude (Sarthe) ont été annulés, rapportent respectivement France Bleu Périgord et Actu Pays de la Loire. À l'étranger, Munich a également mis une croix sur le sien, alors qu'il accueille chaque année plus de deux millions de visiteurs.

Pour Jean-Louis Teboul, chef de service en médecine intensive-réanimation à l'hôpital Bicêtre (Val-de-Marne), le variant Delta, la période hivernale et la fragilité des muqueuses font que le virus circule plus facilement et expliquent l'augmentation des contaminations. "Mais il ne faut pas que l'on s'affole", a-t-il prévenu, sur notre antenne.

"Par rapport à l'année dernière, on possède des armes bien plus importantes, comme la vaccination. On a des chiffres importants, même s'il faut faire un effort sur la dose de rappel. Il faut convaincre les non-vaccinés, car ils constituent la masse la plus importante des personnes en réanimation: 80% de nos patients sont non-vaccinés", a-t-il, affirmé.

Selon lui, "avec la vaccination, la dose de rappel et les gestes barrières, on est quand même bien armés".

Clément Boutin Journaliste BFMTV