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Santé

"Ce n'est pas un soin": en psychiatrie, les familles de malades demandent l'abolition de la contention

Dans l'hôpital psychiatrique Ville-Evrard à Saint-Denis, en banlieue parisienne, le 3 novembre 2020

Dans l'hôpital psychiatrique Ville-Evrard à Saint-Denis, en banlieue parisienne, le 3 novembre 2020 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP

Alors que le gouvernement organise un comité interministériel consacré à la santé mentale ce mercredi 11 juin, l'Unafam, qui représente les familles de malades et handicapés psychiques, appelle à "l'abolition de la contention" des patients en psychiatrie.

L'Unafam, qui représente les familles de malades et handicapés psychiques, appelle à "l'abolition de la contention mécanique" des patients en psychiatrie, en dénonçant les effets qu'elle juge "délétères".

Alors que le gouvernement organise un comité interministériel consacré à la santé mentale ce mercredi 11 juin, l'Unafam compte demander au gouvernement de changer la loi pour l'interdire.

En 2022, 8.000 patients (sur 324.000 hospitalisations en psychiatrie) ont été soumis à une mesure de contention, qui consiste à attacher physiquement un patient pour contenir ses mouvements, selon l'association. Cette mesure temporaire est destinée à empêcher un patient en état de crise d'être dangereux pour lui-même et pour les autres.

"La contention n'est pas un soin, c'est une méthode coercitive extrême qui pousse à son paroxysme la suspension des droits fondamentaux: droit à la dignité, droit à la liberté, droit au consentement libre et éclairé", écrit l'Unafam dans un "manifeste pour l'abolition de la contention" publié ce mercredi.

"Des sentiments de désespoir et de honte"

L'association, qui accueille chaque année 20.000 familles dans ses 350 sites, a reçu de "nombreux témoignages de souffrances physiques et psychologiques subies, des angoisses, des sentiments de désespoir et de honte" par les patients qui ont été soumis à la contention.

Les soignants eux-mêmes vivent mal cette pratique, qui va à l'encontre de leur mission et "nuit à l'attractivité" de la psychiatrie, assure l'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques.

Pour l'Unafam, le recours à la contention est le symptôme d'un "dysfonctionnement" plus large du système de santé mentale: manque de soins en amont, du fait d'une "coordination insuffisante" entre généralistes et psychiatres et d'une pénurie d'équipes mobiles.

L'usage de la contention mécanique n'est pas inévitable, selon l'association, qui indique que 10% des établissements psychiatriques français n'y ont jamais recours. Pour que cette pratique ne soit plus utilisée, l'Unafam demande une meilleure formation des professionnels aux "techniques de désescalade", le développement d'"espaces d'apaisement" ou encore la préparation, en lien avec les malades, de "plans de prévention" personnalisés.

J.Bro avec AFP