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Bracelets, lunettes... Les "gadgets" contre le mal des transports sont-ils vraiment efficaces?

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Ce samedi 13 juillet, de nombreux Français vont prendre la route, le train ou l'avion pour partir en vacances. Pour ceux pour qui voyage rime avec nausée, l'envie de se tourner vers des gadgets accessibles sans ordonnances et peu coûteux semble séduisante. L'effet n'est pourtant pas toujours au rendez-vous.

Lorsque vient l'heure de prendre la route pour les vacances, de nombreux Français redoutent de passer plusieurs heures avec le cœur au bord des lèvres. Dans les grandes surfaces et les pharmacies, des dispositifs censés prévenir le mal des transports - ou cinétose - sont disponibles à la vente. Des "gadgets" sous la forme de bracelets ou de lunettes parfois coûteux, mais rarement efficaces.

La méthode la plus ancienne: des bracelets à enfiler sur les poignets pour y effectuer une "pression". "Ces bracelets reposent sur une certaine logique, qui correspond à un point d'acupuncture utilisé contre les nausées, le point P6, sur la face antérieure du poignet", explique à BFMTV.com le médecin ORL Michel Kossowski, du Centre d'explorations fonctionnelles otoneurologiques (Cefon).

Comment calmer le mal des transports?
Comment calmer le mal des transports?
16:55

Si le principe est inspiré de l'acupuncture, elle-même utilisée pour soulager les nausées de personnes subissant des chimiothérapies, il n'en reste pas moins inefficace. "C'est un truc un peu grossier (...) Il y a probablement un effet placebo, des gens rassurés avec ça qui auront l'impression d'être moins sensibles. Mais il n'y a pas de preuve d'efficacité", tranche Michel Kossowski.

L'une des rares études menées à ce sujet (Aviation, Space, and Environmental Medicine, 2004) avait abouti à cette conclusion sans appel:

"Ni les bracelets ni le placebo n'ont empêché l'apparition du mal des transports, que les bracelets aient été utilisées correctement ou non".

"Il y a du business derrière"

Les bracelets font leur cheminement depuis déjà plusieurs années. Mais la dernière mode vient de drôles de lunettes remplies de liquides, censées recréer un "horizon artificiel" pour contrer le désordre sensoriel à l'origine du mal des transports.

Le hic: la littérature scientifique soutenant l'efficacité de ces dispositifs est inexistante. Plusieurs médecins ORL refusent ainsi de se prononcer sur l'efficacité de ce produit, sans avoir de preuve pour étayer leurs propos.

Une entreprise commercialisant ces lunettes explique par exemple à BFMTV.com qu'une étude scientifique "est en cours de relecture au sein de la revue scientifique". L'entreprise, qui n'a donc pas publié de preuve de l'efficacité du produit, a toutefois débuté sa commercialisation dès 2019.

Les intérêts commerciaux sont, eux, bien identifiés. "On a bien sûr essayé d'étudier ça, il y a du business derrière", regrettait le 5 juillet sur BFMTV le docteur Michel Toupet, médecin ORL spécialisé dans l’exploration des vertiges et des troubles de l’équilibre.

Placebo ne veut pas dire mauvais

Si l'efficacité de ces bracelets et lunettes n'est absolument pas prouvée, comment expliquer les témoignages de ceux qui disent avoir été apaisés? La puissance de l'effet placebo. Comme le relève le ministère de la Santé, outre les facteurs physiologiques, une composante psychologique entre en ligne de compte:

"Toute personne qui a eu l'expérience d'un épisode de mal des transports appréhende un futur transport et est susceptible de présenter des symptômes plus marqués lors d'un prochain voyage, voire par anticipation."

Dans le cas où ces béquilles auraient un effet bénéfique pour le malade, il n'y a pas de raison de se priver. "Je crois que l'effet placebo n'est pas quelque chose qui doit être jeté à la poubelle", insiste Michel Kossowski, dans l'hypothèse où la méthode en question n'a pas "d'effet secondaire" délétère. À l'exception, bien sûr, du coût financier.

Tom Kerkour