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Valls, Taubira et Moscovici entendus par la commission Cahuzac

La ministre de la Justice Christiane Taubira a été entendue mardi matin par la commission d'enquête parlementaire.

La ministre de la Justice Christiane Taubira a été entendue mardi matin par la commission d'enquête parlementaire. - -

Christiane Taubira, Manuel Valls et Pierre Moscovici sont entendus ce mardi par la commission d'enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur de possibles dysfonctionnements autour de l'affaire Cahuzac. La ministre de la Justice a été la première à s'exprimer ce matin.

Christiane Taubira, Manuel Valls et Pierre Moscovici s’expliquent. Les trois miistres sont entendus ce mardi par la commission d'enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur d'éventuels dysfonctionnements dans la gestion de l'affaire Cahuzac par le gouvernement. Cette commission, qui a entamé ses auditions le 21 mai et dispose d'un délai de six mois pour présenter son rapport, cherche à savoir si l'ex-ministre du Budget, qui a avoué avoir détenu un compte illégal en Suisse, a bénéficié de protection de la part de membres du gouvernement.

« Je n'ai transmis aucune information », dit Taubira

La ministre de la Justice a été entendue avant le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et celui de l'Economie Pierre Moscovici, dont les auditions sont prévues en fin d'après-midi. Elle a affirmé n'avoir eu aucune information sur cette affaire jusqu'à l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet et avoir uniquement confirmé par SMS l'ouverture de celle-ci au Premier ministre Jean-Marc Ayrault. « Je n'ai transmis aucune information, d'abord au président de la République absolument aucune, aux autres, ministres, aucune, y compris l'intéressé (Cahuzac). A trois ou quatre reprises, j'ai informé le Premier ministre », a-t-elle dit.

Pierre Moscovici dans une position délicate

Pierre Moscovici qui, lors d'une audition houleuse devant la commission des Finances de l'Assemblée, avait affirmé avoir tout ignoré du compte caché à l'étranger de Jérôme Cahuzac jusqu'à ses aveux le 2 avril, occupe la position la plus délicate. Des députés, essentiellement de l'opposition, lui reprochent d'avoir déclenché une demande d'entraide fiscale intempestive et restrictive auprès des autorités helvétiques et se demandent s'il n'a pas cherché à blanchir son ex-collègue.
La réponse suisse a permis de dire que Jérôme Cahuzac n'avait pas détenu d'avoirs à l'agence UBS de Genève entre 2006 et 2012, alors qu'il était soupçonné d'avoir ouvert son compte au début des années 90, puis d'avoir transféré les fonds à la fin des années 1990 chez Reyl & Cie, avant de les déplacer en 2009 à Singapour. Le procureur de Paris, François Molins, avait critiqué devant la commission une démarche « parallèle », jugeant que le parquet devait avoir le monopole et qu'une enquête administrative de ce type n'était pas adaptée. Christiane Taubira a confirmé que Pierre Moscovici n'avait pas informé son ministère ou le parquet de Paris de sa démarche.

Pas de dysfonctionnements graves relevés

Lors de son audition le 26 juin, Jérôme Cahuzac, mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale, a irrité les députés en se réfugiant derrière le secret de l'instruction. Il a assuré que Pierre Moscovici ne l'avait « jamais informé » de sa démarche auprès de la Suisse, dont la réponse paraissait sur le moment l'innocenter, et n'a pas éclairé les députés sur le rôle éventuel de son collègue de Bercy. Il a par ailleurs démenti tout contact avec Manuel Valls et Christiane Taubira.
Mais des députés reprochent à Pierre Moscovici d'avoir limité sa demande à la seule banque UBS et de ne pas avoir entrepris la même démarche à Singapour. La commission d'enquête, qui doit rendre son rapport en octobre, n'a pas mis en évidence jusqu'à présent de dysfonctionnements graves mais certains de ses membres dénoncent « l'omerta » de la plupart des fonctionnaires entendus.

« Le doute subsiste », selon l'opposition

L'opposition de droite accuse pour sa part l'exécutif d'avoir fauté dans cette affaire au pire par complaisance, au mieux par négligence. Pour le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, « le doute subsiste de manière forte sur le moment où le président de la République, le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur et celui de la Justice étaient parfaitement informés de la situation de ce compte à l'étranger ».
« Le doute subsiste, on voit que les langues commencent à se délier, pas nécessairement chez les parlementaires et les ministres, mais elles se délient parfois chez les hauts fonctionnaires », a-t-il dit mardi sur iil semble que l'information ait bien été transmise au président de la République, après quelle utilisation il en a fait, peut être que la commission d'enquête permettra de le dire mais elle n'est pas à son terme donc laissons la aller à son terme ».

La rédaction avec Reuters