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Politique

Thème 3: Le pouvoir d'achat

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Jean-Jacques Bourdin : Je l’entends tous les jours sur l’antenne d’RMC, des hommes et des femmes qui gagnent correctement leur vie qui n’y arrivent plus à la fin du mois et qui sont obligés de rogner sur certaines dépenses. Il y a des dépenses contraintes incontournables aujourd’hui et les prix augmentent sur ces produits incontournables.

Jacques Attali : Il y a une évolution qui est assez curieuse qui est en train de se produire, c’est que le pouvoir d’achat augmente plus vite que la production ce qui est très inquiétant et augmente moins vite que n’augmentent les dépenses contraintes, c’est à dire les dépenses de transports, les dépenses de logement, les dépenses d’assurance, les dépenses fiscales et tout ce qui s’impose à la vie quotidienne. On a un sentiment d’augmentation de ces dépenses là alors qu’en fait on note moins les dépenses agroalimentaires. Alors que les dépenses de textiles, de vêtements, de distractions baissent. Mais en réalité elles baissent mais elles sont en plus, c’est à dire qu’avant, on ne les avait pas. Nous avons donc un pouvoir d’achat qui a du faire sa place à des dépenses de plus.

J-J B : Dans l’immédiat nous ne pouvons rien faire contre cette hausse du pouvoir d’achat sur ces dépenses contraintes ?
J A : Si on doit pouvoir faire des choses et ce que la Commission que je préside propose c’est d’abord de créer les conditions d’une baisse des prix dans la distribution qui sont trop élevés ; on créerait des conditions pour que les produits qui sont achetés dans les grandes surfaces sont plus bas.

J-J B : Mais vous avez vu ce que dit M. Leclerc, qui prend des pages de publicité et qui accuse les fabricants d’augmenter d’une manière trop forte les prix.
J A : Et on reproche aussi au Gouvernement de ne pas mettre en œuvre plus audacieusement les propositions de la réforme que je propose, mais on verra. On ne peut pas encore dire que le Gouvernement ne nous a pas suivi et de toute façon il est libre de ne pas le faire mais je pense en effet qu’il y a beaucoup de marges à gagner du pouvoir d’achat dans les réductions des coûts dans la distribution en France.

J-J B : Donc ce sont les grands distributeurs qui doivent faire des efforts ?
J A : Ce sont eux qui doivent faire des efforts et ils ne peuvent pas le faire tout seuls donc il faut que la concurrence les y oblige.

J-J B : Il faut permettre la vente à perte ?
J A : Oui.

J-J B : Mais les petits commerçants sont fous quand ils entendent ça.
J A : Non ce n’est pas exact.

J-J B : Ils disent « moi je ne vends qu’un produit, comment voulez-vous que je me permette de vendre à perte » alors que dans la grande distribution on vend des milliers de produits donc si on perd sur un produit on peut se rattraper sur d’autres.
J A : Dans le rapport qu’on a fait, il y a une partie du rapport qui précise que la vente à perte ne doit pas être en dessous du prix réel ou dans une situation de concurrence qui nuise véritablement à l’environnement. On a proposé que la commission de concurrence joue très forte pour regarder ça. Une vente à perte ça veut donc dire vendre plus bas que les prix actuels. Les petits commerçants ont beaucoup de choses qui devraient pouvoir les protéger et qui aujourd’hui ne sont pas utilisés.

J-J B : Par exemple ?
J A : Par exemple la formation de coopérative entre eux qui est très importante. Le fait d’avoir des schémas d’urbanisme urbains qui interdisent aux grandes surfaces de s’installer dans certaines zones des villes. La région de Lyon est formidable, il y a un schéma d’urbanisme extrêmement stricte qui interdit aux grandes surfaces d’être dans certains coins. Il faut généraliser ça.

La rédaction-Bourdin & Co