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Politique

Taubira accusée de vouloir limoger un procureur pour des raisons politiques

Chirstiane Taubira

Chirstiane Taubira - -

L'opposition et l'Union syndicale des magistrats (USM) ont dénoncé mardi les pressions exercées, selon elles, par la ministre de la Justice Christiane Taubira pour obtenir la démission du procureur général de Paris.

L’information vient du Canard enchaîné, et date aujourd'hui. Le cabinet de la ministre de la Justice aurait convoqué François Falletti, procureur général de Paris, et lui aurait demandé de démissionner.

Motif, selon l'intéressé: il ne partage pas la même "sensibilité politique" que la garde des Sceaux

Selon les informations de l'hebdomadaire, la scene s'est passé fin janvier. Le procureur est convoqué fin janvier au ministère de la Justice. François Folletti rencontre deux directeurs de cabinet. La phrase tombe : "La ministre souhaite que vous quittiez vos fonctions. Elle désire vous remplacer par quelqu'un de sa sensibilité politique".

François Folletti a été nommé il y a quatre ans, pendant le mandat de Nicolas Sarkozy. En échange de son départ, une compensation. "On m'a demandé de partir à la Cour de cassation, je n'y suis pas candidat". Il a écrit à Christiane Taubira pour protester.

De son côté, le ministère de la Justice dément toute intention de limoger le magistrat ou de le contraindre à démissionner". Officiellement, François Folletti était convoqué pour parler de son départ à la retraite, dans un an et demi.

"Un licenciement politique"

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Christophe Régnard est président de l'Union des Syndicats de la Magistrature (USM). Pour lui, le ministère de la Justice utilise des moyens détournés pour limoger un haut magistrat.

"Pour "virer" un magistrat, il y a une voie qui n’est pas légale mais qui est utilisé depuis toujours, c’est de le convaincre d’accepter sa mutation, estime-t-il. Ce sont des pressions exercés sur un magistrat pour que le pouvoir en place puisse nommer quelqu’un qui lui est plus proche. C’est lamentable, car cela renvoie à une image de la magistrature qui est entre les mains du pouvoir. En tant que magistrat et citoyen, cela me révulse profondément."

Le vice-président de l'UMP, Guillaume Peltier, dénonce lui une purge menée contre un magistrat réputé de droite.

"La volonté du gouvernement socialiste est de nettoyer jour après jour la magistrature des quelques éléments solides qui avaient été nommés par Nicolas Sarkozy. C’est une sorte de licenciement politique, extrêmement préoccupante pour notre pays."

La rédaction avec Pierre Rigo