Municipales à Marseille: six candidats PS s'affrontent en primaire

Marie-Arlette Carlotti, Samia Ghali, Henri Jibrayel, Patrick Menucci, Eugène Caselli et Christophe Massé sont les six candidats socialistes à la primaire devant désigner le candidat PS aux municipales à Marseille - -
Ils sont six sur la ligne de départ. Six, mais un seul d'entre eux défiera l'UMP Jean-Claude Gaudin en mars prochain à Marseille, lors des élections municipales. La primaire organisée, sur le modèle de celle qui avait sacrée François Hollande fin 2011, est ouverte à toutes les personnes inscrites sur les listes électorales. Elles pourront voter après avoir versé 1 euro au PS et signé un "engagement de reconnaissance dans les valeurs de la gauche". La seconde ville de France n'a plus été dirigée par un socialiste depuis 1995.
Petit plus de la campagne, les attaques ad hominem étaient interdites et chaque candidat s'est d'ores et déjà engagé à rallier le vainqueur, au plus tard le 20 octobre prochain, au soir prévu du second tour. Ce dimanche, dans 15 bureaux de vote disséminé à travers Marseille, arrive l'heure du premier tour. Présentation des candidats à la candidature PS.

> La ministre favorite: Marie-Arlette Carlotti
Elle ne craint "dégun", "personne" en marseillais et le fait savoir. Quitte à poser, gilet pare-balles à la main sur Twitter. Marie-Arlette Carlotti, 61 ans, défie le sortant UMP Jean-Claude Gaudin mais aussi le tout-puissant Jean-Noël Guérini, président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône. Peur de rien Marie-Arlette Carlotti qui, renforcée politiquement par sa victoire aux législatives face à Renaud Muselier, remet tout de même en jeu son portefeuille de ministre déléguée chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion.
Diplômée de l'université de Marseille, cadre dans l'industrie aéronautique avant d'embrasser sa carrière politique, Marie-Arlette Carlotti mise tout sur le renouveau, sur la "fin de l'immobilisme".
Surtout, après avoir rejeté l'utilité d'une primaire, la ministre a joué la carte d'une campagne tout en distance avec la question sécuritaire qui agite Marseille. C'est de l'"instrumentalisation politique", s'est-elle évertuée à répéter, arguant qu'il fallait mettre un terme à une situation qui associe sa ville à la violence.
> Le premier outsider: Patrick Mennucci
"Un nouveau cap pour Marseille". Le slogan de Patrick Mennucci n'a rien d'original mais ca n'empêche pas ce Marseillais pur jus de revendiquer un programme de rupture. Paradoxalement, c'est autour du soutien de Robert Vigouroux, dernier maire PS de Marseille entre 1986 et 1995, et de ses premiers émois politiques auprès de Gaston Defferre, que l'actuel député-maire du 1er secteur base sa légitimité.
Alors que la primaire approche, Patrick Mennucci s'est mis en tête de dénoncer la "cogestion" de la mairie entre FO et Jean-Claude Gaudin. A l'instar de Marie-Arlette Carlotti, il mène campagne contre Jean-Noël Guérini en réclamant sa démission, après avoir participé à ses succès électoraux.
Directeur de campagne de Ségolène Royal en 2007, soutien de François Hollande en 2012, Patrick Mennucci, actuellement membre du bureau national du PS, arrive en première ou en seconde position en fonction des sondages. Son petit plus? Il se revendique amateur de football et évidemment supporter de l'OM. Le titre de son dernier ouvrage: "Nous les Marseillais". Un slogan qui sent bon les virages du Vélodrome.
> La battante: Samia Ghali
Si l'on voulait caricaturer la sénatrice Samia Ghali, il serait facile de la résumer à une de ses propositions: "L'armée peut-être une solution à Marseille". Agée de 45 ans et candidate depuis janvier à l'investiture PS pour les municipales 2014 à Marseille, Samia Ghali la "courageuse", comme elle se revendique, est justement connue pour son franc-parler. Elle est aussi surnommée la "Ségolène Royal de Marseille" par des membres du gouvernement, rapportait Le Monde au début du mois.
Proche de Jean-Noël Guérini lors de son élection en 2008, elle préfère aujourd'hui s'en détacher, tout comme ses camarades de campagne. Samia Ghali veut désormais "libérer" Marseille. Et "l'élue locale de l'année 2012" a prévu de continuer sur sa voie: interpeller l'opinion, le gouvernement, les Marseillais de "toutes ses forces" pour "impulser", "décider", "innover", "rassembler" et "rassurer" sa ville.
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> Le "petit nouveau": Eugène Caselli
"Marseille rassemblée". A 67 ans, Eugène Caselli se voit comme un petit jeune de la politique dans la cité phocéenne. Président de la Communauté urbaine de Marseille depuis 2008, né près du Vieux-Port - centre névralgique de la ville - il revendique une vie "avant" la politique. Cadre bancaire, il mise sur une maîtrise "du management des hommes et des accords" et vante son "sens inné de l'écoute".
Récemment, Eugène Caselli s'est fait remarquer en reprenant à son compte une proposition du préfet de police de Marseille, préconisant "l'utilisation de drones" pour surveiller les quartiers sensibles de la ville et appelant lors du débat entre tous les candidats à "faire de Marseille un laboratoire contre le crime [...] Ca se fait à Mexico".
On note aussi qu'il est le seul à s'être fait taper sur les doigts à propos de la charte de non-agression entre candidats à la primaire, validée par l'ensemble d'entre eux. "Mennucci ne sera jamais maire de Marseille", avait-il voulu prédire. Des propos peu propices au "rassemblement".
> Le "tigre": Christophe Massé
Politique local, Christophe Massé a "Marseille au coeur". Son clip de campagne s'ouvre sur le soleil levant enlaçant la ville. Un Marseille baigné de lumière pour un film-promo d'une minute, à la sauce "Plus belle la vie", et loin d'une ville régulièrement piégée dans la tourmente sécuritaire. Mais ces nuages sombres, Christophe Massé les voit aussi, au point qu'il se proclame "candidat de l'ordre", devant les lecteurs de La Provence.
A 49 ans, cet ancien député, désormais vice-président du Conseil général des Bouches-du-Rhône et président du groupe d'opposition PS au conseil municipal, est le seul à ne pas accabler Jean-Noël Guérini.
S'il est élu, Christophe Massé le promet: il ne durera que tant la motivation sera là, sous-entendu, pas 18 ans comme Jean-Claude Gaudin. "Tant que je me lèverai le matin avec l'oeil du tigre, je resterai", avait-il prévenu face aux lecteurs de La Provence.
> L'outsider: Henri Jibrayel
0%. C'est le score dont est crédité Henri Jibrayel dans les derniers sondages. Député des quartiers nord de Marseille en 2007, d'abord de la 4e circonscription, puis remplacé en 2012 par Patrick Mennucci avant d'empocher la 7e, l'ancien syndicaliste de 62 ans, également conseiller général des Bouches-du-Rhône, ne décolle pas face à ses cinq concurrents.
"L'outsider peut devenir le favori", voulait-il encore se persuader mi-septembre mais désormais les carottes semblent cuites pour celui qui veut garder son envie d'aller "jusqu'au bout". Henri Jibrayel joue la carte de "l'envie de réussir pour Marseille".