Parité: après le coup de gueule d'un député, un colloque décide d'inviter plus de femmes

Matthieu Orphelin a annulé sa venue à un colloque ayant invité 2 femmes sur 15 participants. - JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
Matthieu Orphelin, député La République en marche de Maine-et-Loire, a annoncé jeudi annuler sa participation à un colloque organisé à la Maison de la Chimie à Paris, le 30 janvier prochain. Il devait coprésider cette deuxième édition des "Matinales de la transition énergétique", mais a reculé en constatant sur le programme que seules deux femmes sur 15 intervenants avaient été invitées et que la première table ronde était entièrement masculine. Il a décidé de rendre sa décision publique, en publiant sa lettre sur Twitter et sur son site.
"Je l'ai mis dans le débat public parce que les valeurs féministes sont importantes pour moi. La question de la visibilité des femmes dans certains métiers est une vraie question", explique-t-il, contacté par BFMTV.com.
"Je ne voulais pas les coincer, mais à partir d'un cas comme ça, je me suis dit qu'il fallait en faire un sujet de société. J'interviendrai avec plaisir pour eux dans des colloques paritaires", ajoute Matthieu Orphelin.
Inspiré par les militantes de La Barbe
Sa décision d'annuler tout bonnement sa venue lui a été inspirée par des échanges avec le groupe d'action féministe La Barbe, qui fait régulièrement irruption dans des événements pour dénoncer l'absence ou la très faible représentation des femmes dans les sphères de pouvoir.
Le 29 novembre dernier, le député avait accepté de participer à un autre événement sur le thème de l'énergie, et avait constaté l'absence de femmes parmi les intervenants. Un fait qu'il avait choisi de dénoncer dans son discours d'ouverture, avant d'être interrompu par les militantes de La Barbe. L'interrogeant sur sa présence malgré l'absence criante de femmes, elles lui ont suggéré d'annuler sa participation s'il était à nouveau confronté au problème. Une suggestion qu'il a donc mise en application.
"L’action de La Barbe a été clairement utile pour moi, est-ce que j’y aurais pensé sans ça? Non je suis pas sûr, j’aurais fait comme la dernière fois, j’en aurais parlé au début de mon intervention, j’aurais dit 'ce n’est pas normal', mais le 'pas normal' ne suffit plus aujourd’hui, il faut agir", reconnaît le député.
De nombreuses réactions sur Twitter
Sur son compte Twitter, La Barbe a adressé ses félicitations "sincères" au député jeudi.
Alice Coffin, membre de La Barbe contactée par BFMTV.com salue une "décision importante" et se réjouit se pouvoir dire "bravo pour une fois sans ironie".
"C'est important aussi parce qu'il s'agit d'un député, c'est un élément de pression qui peut devenir un exemple", poursuit-elle.
Elle regrette cependant de constater que la parole des hommes est plus écoutée, comme dans le cas du festival d'Angoulême en 2016. Riad Sattouf et Joan Sfar avaient demandé à être retirés de la liste des nommés pour le Grand Prix, sur laquelle ne figurait aucune femme. En 2013, La Barbe, qui fête en 2018 ses 10 ans, avait déjà épinglé le faible nombre de lauréates féminines dans toutes les catégories.
La parité finalement atteinte
L'annonce de Matthieu Orphelin a provoqué de nombreuses réactions sur Twitter, notamment de la part de femmes travaillant dans le domaine de l'énergie, qui ont tenu à se faire entendre.
Et la décision du député a finalement fait bouger les lignes, puisque le cabinet chargé de l'organisation de ce colloque, contacté par BFMTV.com, annonce ce vendredi avoir finalement atteint la parité pour cet événement, avec à ce jour huit femmes et huit hommes parmi les intervenants. Le cabinet Rivington précise cependant que ce programme peut connaître des modifications de dernière minute en cas de désistement, mais "salue" le tweet de Matthieu Orphelin et affirme avoir "à cœur de respecter la parité".
Satisfait de ce changement notable, l'élu se dit prêt à coprésider le colloque comme prévu initialement. Deux autres élus coprésideront le colloque, auquel doit assister également le secrétaire d'Etat Sébastien Lecornu: le sénateur anciennement LR Jérôme Bignon et le député Nouvelle gauche Christophe Bouillon.