Paris: le coup de poker de la région Île-de-France pour freiner la piétonisation des voies sur berge

Une vue d'artiste de la future voie sur berges piétonne de la rive droite. - Ville de Paris
La région Ile-de-France a déclaré vendredi "les voies sur berges rive droite" de Paris "comme relevant des voies routières d'intérêt régional", afin de donner à la région la légitimité pour intervenir sur le sujet.
Niche du groupe Les Républicains, menée par le conseiller régional et maire LR du 1er arrondissement de Paris Jean-François Legaret, cette délibération a été adoptée malgré l'opposition de tous les groupes d'opposition.
Un coup de dernière minute
Alors que le conseil de Paris doit voter lundi la piétonisation des voies sur berges, Legaret a affirmé qu'il ne s'agissait pas "de nous opposer par dogmatisme au projet de la mairie de Paris" mais que "ce projet suscitait des craintes légitimes".
La délibération "approuve" également "la création d'un comité d'évaluation régional indépendant chargé de mesurer l'ensemble des effets induits par le projet" de fermeture des voies sur berge rive droite.
La présidente de la région Valérie Pécresse a installé le 12 septembre un comité régional d'évaluation de la fermeture des voies sur berges parisiennes, et a nommé à sa tête Pierre Carli, médecin chef du Samu de Paris et président du conseil national de l'urgence hospitalière.
Ce "comité d'experts indépendant" est chargé d'analyser "les conséquences de la fermeture des voies sur berges rive droite sur la pollution de l'air, le trafic routier, les temps de déplacement et d'embouteillages, le bruit et au final la santé publique".
"Mascarade", "farce", "vision passéiste"
Les écologistes ont dénoncé "une mascarade", s'étonnant que les voies sur berges soient déclarées "d'intérêt régional", alors qu'une délibération la veille avait acté la nécessité d'une concertation préalable avec l'État et les départements pour déterminer les voies routières d'intérêt régional.
Pour le PS, cette délibération "relève de la farce" et d'"une instrumentalisation de l'assemblée régionale au profit d'une guérilla contre Anne Hidalgo". Le Front de Gauche a dénoncé une "vision passéiste". Face à "une question de santé publique urgente, fermer les voies sur berge est une mesure utile".
Le FN a déploré "l'ambiguïté de la posture, car on ne sait pas si vous êtes pour ou contre les voies sur berges", a-t-il ironisé. "Il n'y a que nous qui sommes franchement contre."
Valérie Pécresse a assuré: "On n'est pas contre le projet, Mme Hidalgo a la légitimité pour le défendre, mais ce genre de projet ça se concerte et se co-construit. C'est notre responsabilité d'aller contrôler cela."