"On sait ce qui va se passer": sur le budget, des députés de la majorité plaident pour une utilisation du 49.3 à "la première occasion"

L'hémicycle de l'Assemblée nationale, le 28 juin 2022 à Paris - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP
L'Assemblée nationale s'apprête à vivre une semaine sous haute-tension. L'examen du budget 2023 débute ce lundi après-midi dans l'hémicycle. Les oppositions ne soutiendront pas ce texte.
A gauche, on critique l'austérité du gouvernement, tandis que la droite estime, au contraire, qu'il y a trop de dépenses prévues dans ce texte. "Nous voterons contre le budget, marqueur d'une politique que nous contestons", a également indiqué Marine Le Pen, cheffe de file des députés du Rassemblement national (RN) au palais Bourbon.
49.3 à la "première occasion"
Dès lors, une utilisation du 49.3 par le gouvernement parait inévitable. Reste à en évaluer le timing. Un poids lourd de la majorité souhaite une utilisation de cet article "à la première occasion", en "fin de semaine". Plus vite le texte sera voté, plus facile sera la mise en place des mesures qu'il contient.
"Chaque jour, on va avoir le compteur qui augmente, chaque amendement perdu, c'est 10 milliards", souligne notre interlocuteur.
Même son de cloche chez Guillaume Kasbarian. Le président (Renaissance) de la commission des Affaires économiques ne souhaite pas que les débats s'éternisent. "Depuis fin août, le discours de toutes les oppositions, c'est de voter contre. On sait ce qui va se passer", justifie-t-il, avant de questionner:
"Quel est l'intérêt du spectacle quand vous connaissez déjà la fin?"
Plus d'amendements de LR que de LFI
Et le député de l'Eure-et-Loir d'adresser un tacle aux élus LR, qui ont aidé la majorité à passer ses textes lors de la première session parlementaire: "Il ont déposé 1200 amendements, [c'est] plus que La France insoumise (LFI)! Il y a plus de dépenses que d'économies dans leurs amendements, malgré les discours médiatiques sur une nécessaire rigueur d'Olivier Marleix". Lequel préside le groupe de députés LR l'Assemblée nationale.
"Notre manière de défendre nos amendements n'a rien à voir avec la Nupes. On a le droit de modifier les dépenses et de ne pas être d'accord sur la répartition à budget constant", répond un député LR. Le même met en avant des "amendements qui vont nous permettre de faire 20 milliards d'économie." Dans une référence à une formule chère au chef de l'État, il précise la stratégie des siens sur ce texte:
"Faire en sorte que le 'en même temps' soit de plus en plus à droite".
Du côté de la majorité, d'autres élus sont moins pressés. "Peut-être pas", un 49.3 dès "la première obstruction", nous dit une députée, expliquant néanmoins qu'il "ne faut pas faire comme les retraites et s'entêter pendant des heures".
"On est prêts à en découdre"
Un autre député Renaissance met en garde contre une utilisation trop rapide du 49.3. Avec ce scénario, il craint que les parlementaires de la majorité n'aient pas le temps de défendre leur amendement et que le gouvernement ne les retienne pas dans son texte.
Quant aux députés de la Nupes, ils arriveront avec un état d'esprit combatif dans l'hémicycle. "Il va y avoir de beaux débats je pense sur les supers profits, le bouclier tarifaire, la situation des collectivités locales", explique l'un d'eux.
"On a bien préparé les débats. Dans le groupe, on est prêts à en découdre. On avait la semaine de commission pour fourbir les armes. Quant au 49.3, chiche!", ajoute-t-il.
Un autre député estampillé Nupes se dit prêt à voter "toutes les avancées qui iront dans le bon sens", comme une éventuelle taxation sur l'usage des jets privés par exemple.