La nouvelle ministre de la Santé, Agnès Firmin-Le Bodo, visée par une enquête pour cadeaux non déclarés

Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée à la Santé à l'Assemblée nationale, le 29 novembre 2022 à Paris - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP
Agnès Firmin-Le Bodo, tout juste nommée par intérim à la tête du ministère de la Santé, a été épinglée ce jeudi 21 décembre par Mediapart pour avoir reçu "sans les déclarer" des cadeaux d'une valeur estimée à 20.000 euros des laboratoires Urgo, en tant que pharmacienne.
La ministre, montée en grade après la démission d'Aurélien Rousseau pour désaccord sur la loi immigration, "est visée par une enquête judiciaire ouverte en juin 2023 pour avoir reçu des cadeaux, sans les déclarer", écrit le site d'information en ligne.
Une enquête ouverte
Jeudi soir, le procureur de la République du Havre Bruno Dieudonné a confirmé à l'AFP qu'une enquête a été ouverte "du chef de 'perception non autorisée par un professionnel de santé d'avantages procurés par une personne produisant ou commercialisant des produits sanitaires', dans le prolongement de l'affaire qui a abouti à la condamnation des laboratoires Urgo en janvier 2023 par le tribunal correctionnel de Dijon".
"Le secret de l'enquête m'interdit de communiquer davantage, notamment sur l'identité des pharmaciens visés par cette enquête. Sur une période qui va de fin 2015 à fin 2020, six d'entre eux ont reçu des gratifications pour un montant total supérieur à 12.000 euros", a ajouté le magistrat.
Montres, champagne...
Pharmacienne de profession, Agnès Firmin-Le Bodo, qui dirige une officine au Havre (Seine-Maritime), "est soupçonnée de s’être fait livrer à 21 reprises, de 2015 à 2020, des produits de luxe – des montres, bouteilles de vin et magnums de champagne, coffrets pour des week-end... – pour un montant total évalué à 20.000 euros, de la part des laboratoires Urgo", selon Mediapart.
"Urgo cherchait ainsi à fidéliser les pharmaciens et à augmenter leurs marges commerciales", poursuit Mediapart.
En janvier 2023, les laboratoires Urgo ont été condamnés à une amende de 1.125.000 euros, dont 625.000 avec sursis, pour avoir offert des cadeaux à des pharmaciens, en contrepartie de l'abandon de remises commerciales.
Selon Mediapart, "un second volet de l’affaire" a débuté, la justice se penchant sur tous les pharmaciens ayant reçu des cadeaux.
La ministre confirme l'existence d'une enquête
En Normandie, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) est saisie d’une quarantaine de dossiers. "Les cas les plus légers (moins de 1.000 euros de gratification) sont classés. Tandis que les autres dossiers donnent lieu à l’ouverture d’une enquête préliminaire, en juin 2023", explique le journal, selon lequel Agnès Firmin-Le Bodo figure "parmi les plus gros bénéficiaires présumés".
"Dans le cadre de ma fonction de pharmacienne, effectivement une enquête est en cours", a confirmé vendredi 22 décembre sur France Bleu Normandie la ministre de la Santé par intérim, en précisant qu'elle réservera "les échanges que je devrais avoir avec les autorités compétentes dans les jours suivants".