Manuel Bompard estime que "le NFP n'est pas mort" mais met la pression sur le PS sur le budget

Est-ce la fin du Nouveau Front populaire (NFP)? Non, l'alliance des gauches "n'est pas mort(e)", tranche le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, ce mercredi 22 janvier sur BFMTV-RMC, malgré la décision des socialistes de ne pas voter la motion de censure présentée à leur initiative jeudi dernier.
Manuel Bompard répète que, selon lui, la "majorité des députés" du Parti socialiste a "tourné le dos aux engagements pris devant les électeurs" pour un "projet de rupture avec le macronisme", mais renvoie la question d'un divorce à une autre échéance: si le PS "ne censure pas au moment du vote sur le budget", dans quelques semaines, "alors il confirmera un changement d'alliance", dit-il.
Une menace qui ressemble à une autre. Deux jours avant le vote de la motion de censure présentée à l'issue du discours de politique générale de François Bayrou, Manuel Bompard déclarait déjà sur RTL: "Il est évident que les parlementaires élus sur l’étiquette du NFP qui ne voteront pas la motion de censure auront rompu avec (l'alliance)."
Semaines de tensions
Reste que personne à gauche ne veut prendre la responsabilité d'acter la fin de cette coalition formée lors des élections législatives anticipées de juillet 2024. Chacun se renvoie la balle.
À l'image de Manuel Bompard, les insoumis mettent la pression sur leurs partenaires socialistes. En retour, ces derniers défendent leur décision de ne pas censurer le gouvernement, après avoir obtenu des concessions, comme le fait de renoncer à la suppression de 4.000 postes dans l'Éducation nationale ou le lancement d'un "conclave" pour renégocier la réforme des retraites, dont les conditions font débat à gauche. Les socialistes, par la voie notamment de leur premier secrétaire Olivier Faure, opposent ainsi la "gauche qui travaille" à celle qui "braille".
L'aboutissement de semaines de tensions caractérisées par la décision des socialistes de s'asseoir à la table des négociations avec le gouvernement pour parvenir à un accord de non-censure. S'ils ont également participé à ces discussions, communistes et écologistes ont néanmoins voté la motion de censure, considérant que le compte n'y était pas. Une précision: huit socialistes sont allés contre la consigne de groupe, en se prononçant eux aussi pour cette disposition.
En filigrane de l'avenir du NFP se joue une vielle guéguerre. Elle oppose François Hollande et Jean-Luc Mélenchon. Avec en ligne de mire le leadership à gauche pour la présidentielle de 2027. Déjà adversaires en 2012, le leader insoumis et l'ex-chef de l'État, qui se sont côtoyés pendant des années au PS, ont échangé les coups ce week-end.
"Hollande est bien mal placé pour représenter la gauche"
Le premier a jugé, dans La Tribune Dimanche, que son parti constituait désormais le "pôle central de l'Assemblée" et détenait "la clé jusqu'en 2027". Tout en taclant la stratégie de pousser à une présidentielle anticipée, mise en œuvre par Jean-Luc Mélenchon, comparé à "madame Irma", dont "les prophéties ne se réalisent jamais".
En retour, l'intéressé a qualifié l'intéressé de "machine à tromper" lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-Public Sénat-M6, lui reprochant d'avoir mené une "double négociation" avec François Bayrou, en parallèle de celle menée par Olivier Faure. Quant au fait que les socialistes détiendraient "la clé", le tribun a balayé cette analyse. À ses yeux, François Hollande, souhaite se présenter en 2027 et dit donc "ce qu'il aimerait" qu'il se produise.
Manuel Bompard en remet une couche sur BFMTV: "Je ne sais pas s('il) sera candidat. Ce qui me paraît certain, c’est est qu’il est bien mal placé pour représenter la gauche à l’élection présidentielle. Dois-je vous rappeler que quand François Hollande a fini son quinquennat de président de la République, il a été dans l’incapacité de se représenter parce qu’il avait tellement rompu avec les aspirations populaires que plus personne ne lui faisait confiance?", cingle le coordinateur de LFI. La bataille continue.