La fête de la musique à l'Élysée: électro, selfies et bière sans alcool

Emmanuel Macron en plein bain de foule le 21 juin à l'Élysée. - CHRISTOPHE PETIT TESSON / POOL / AFP
À l'Elysée, des DJ stars de la musique électro mixent sur le perron, entourés de danseuses, la façade classique s'illumine de lumières dansantes, les vitres tremblent sous les basses et la foule allonge le cou pour apercevoir le président.
Pour la première fois dans l'histoire de l'Elysée, Emmanuel Macron a ouvert au grand public le palais présidentiel pour la fête de la musique en accueillant des artistes branchés de la scène électro française.
French touch
Sur les platines installées en haut des marches, là où le chef de l'Etat accueille ses homologues étrangers, à partir de 20 heures sont venus mixer Chloé, Cezaire, Kiddy Smile, avant Kavinsky et Busy P, l'ancien manager des Daft Punk, stars de cette "French Touch" musicale popularisée mondialement par David Guetta ou Daft Punk.
Quelques danseurs et danseuses entourent l'estrade, du jamais vu dans ce lieu si protocolaire. Dans une ambiance joyeuse, environ 1.500 curieux qui ont cliqué les premiers sur le site ouvert pour l'occasion, marquent le rythme mais restent assez sages, peut-être intimidés par les lieux.
Les assoiffés se pressent devant la buvette éphémère pour acheter une bière sans alcool (3 euros) servie dans un gobelet recyclable siglé "Elysée, Fête de la musique" ou un panier repas à 10 euros.
Dans la cour où marcher sur le gravier central est généralement tabou, les gens s'asseyent sans façon sur le trottoir. En surplomb, les spots multicolores clignotent, le son est au maximum, le personnel se presse aux fenêtres.
Starification
Brigitte Macron passe brièvement en début de soirée le long de la cour, aussitôt photographiée par des centaines de smartphones. Enfin la tête d'affiche de la soirée, Kavinsky, s'installe aux manettes et fait monter l'ambiance d'un cran. C'est le moment que choisit Emmanuel Macron pour enfin faire son apparition.
Devant la scène, il serre longuement les mains des enthousiastes du premier rang massés derrière des barrières, aux côtés de son épouse et - invitée surprise - de la ministre du Travail Murielle Pénicaud.
"On l'appelle comment ? Emmanuel ?" plaisantent des spectatrices en attendant de l'approcher.Entouré de sa famille, le président est ensuite resté un moment dans la cour avec sa femme et ses enfants, esquissant quelques pas de danse, visiblement ravi.
Reconnaissance
Emmanuel Macron avait invité le pionnier de la musique électro Jean-Michel Jarre à passer le saluer. "Accueillir l'électro à l'Elysée est significatif du fait qu'il est en phase avec la création d'aujourd'hui", a dit le compositeur juste avant son rendez-vous.
"Il y a une logique à ce que l'électro se retrouve sous les dorures, comme la musique baroque officialisée à Versailles après avoir été undergound", s'est réjoui Jean-Michel Jarre.
"C’est une culture qui vit aussi très bien dans l’ombre. Contrairement à la pop culture ou à la variété, c’est une culture qui n’a pas forcément besoin de lumière, mais c’est bien de temps en temps de faire des ponts et de célébrer la qualité de la musique électronique française (...)", confirme sur notre antenne Pedro Winter, programmateur de l’événement.
T-shirt "provoc'"
Le chef de l'Etat avait tweeté le 16 juin : "le 21 juin, avec Brigitte nous ouvrons la cour de l'@Elysee à la musique. Partageons ce moment ensemble ! Inscrivez-vous : événements.elysee.fr".
La crise migratoire qui secoue l'Europe et la défense des minorités se sont pourtant glissées dans la fête. Le DJ Kiddy Smile est en effet monté sur la scène avec un T-shirt provocant où était écrit "Fils d'immigré, noir et pédé", en signe de protestation contre la loi asile et immigration. Il avait averti sur Facebook que ses chansons porteraient le même message "sans que personne ne puisse les étouffer". L'artiste militant de la cause LGBT avait aussi expliqué qu'il s'opposait à la "répression des migrants" et qu'il reverserait son cachet de 1.500 euros à une association d'aide aux migrants.
Les spectateurs ont multiplié les photos et les selfies, encore étonnés de se retrouver là. Le concert s'est terminé à minuit. Emmanuel et Brigitte Macron sont venus une dernière fois saluer les quelques dizaines de personnes encore présentes qui ont scandé "une chanson, une chanson", sans réussir à convaincre le couple présidentiel qui est parti en riant.