EDITO - Budget de la Défense: bientôt l’armée des ombres?

Jean-François Achilli - -
"Hollande va-t-il sacrifier l’armée de Sarkozy avec laquelle il fait la guerre au Mali?" La question n’émane pas d’un dirigeant de l’UMP mais d’un conseiller du gouvernement qui m’a expliqué dimanche que c’était une bataille à presque vingt milliards d’euros qui allait se jouer dans les prochains jours. Le chef de l’Etat, qui a rendu hommage au cinquième soldat tombé au nord-Mali, réunira vendredi le premier des quatre conseils de défense qui seront consacrés aux moyens de nos armées dans les cinq années qui viennent. L’enjeu est simple: 31 milliards et demi d’euros sont consacrés chaque année à notre défense: 1,5% du PIB. Le projet serait de faire baisser l’enveloppe jusqu’à 28 milliards, 1,1%. Soit une économie entre 10 et 18 milliards pour la prochaine loi de programmation militaire. Il va falloir déshabiller une partie de nos soldats.
Une décision à prendre en pleine intervention au Mali
L’armée, en première ligne au Mali, peut-elle vraiment renoncer à certaines de ses missions? C’est ce que Jean-Yves le Drian va plaider auprès de Jérôme Cahuzac, en fin de journée. Le ministre de la défense ne voit pas quel poste il faut supprimer: la dissuasion nucléaire, l’armée de terre censée défendre notre territoire, les forces de projection envoyées sur les zones de conflit ou les forces de sécurité de 9 mille hommes en outremer. Faites votre choix, on ne pourra pas tout faire.
Un voile sur la semaine de l'industrie de Montebourg
Il y a aussi une dimension industrielle lourde? 135.000 emplois concernés par la défense, en Aquitaine, Rhône-Alpes, Bretagne: la cure d’austérité pourrait menacer jusqu’à 55 000 emplois, d’après les experts du ministère de la défense. De quoi jeter un voile sur la semaine de l’industrie chère à Arnaud Montebourg qui débute ce matin avec la signature à l’Elysée d’une commande géante de 200 Airbus A 320 pour la compagnie indonésienne Lion Air. Jean-Yves le Drian a diné mercredi dernier avec ses amis présidents de région concernés par baisses de commande militaires, pour établir un plan de bataille face à Bercy et convaincre l’Elysée de sanctuariser la défense, au même titre que l’éducation nationale, la police et la justice.
La défense, made in France
La défense est un fleuron du made in France? Oui, c’est un domaine d’excellence reconnu mondialement, rappelle l’UMP François Cornut-Gentile. Pour ce spécialiste des questions de défense, seule une armée française forte rendra possible, à terme, le nécessaire projet d’armée européenne. Des voix s’élèvent à droite comme à gauche pour mettre en garde: si François Hollande pratique des coupes sombres dans nos bataillons, ce sera alors le déclin sur la scène internationale, et le Mali, notre dernier combat.
Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Jean-François Achilli de lundi 18 mars.