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Rassemblement national

Mediapart accuse le FN d'avoir financé une enquête à son sujet avec des fonds publics européens

L'eurodéputé Jean Luc Schaffhauser que Mediapart accuse d'avoir commandé une enquête à son sujet

L'eurodéputé Jean Luc Schaffhauser que Mediapart accuse d'avoir commandé une enquête à son sujet - PATRICK HERTZOG / AFP

Selon le site d'investigation, le groupe FN au Parlement européen s'est servi des fonds publics qui lui sont alloués pour financer une "enquête" à son égard.

A la demande de l'élu Jean-Luc Schaffhauser, le groupe Front national au Parlement européen a commandé en juin 2017 une "enquête" financée par les fonds publics européens et visant Médiapart, ses sources et ses journalistes, selon les informations du site d'investigation.

D'après un devis récupéré par Mediapart, cette enquête a été réalisée par le cabinet de conseil Geopol Consultings, pour un coût de 10.000 euros. Derrière ce cabinet domicilié à Bruxelles, l'essayiste Alexandre del Valle, de son vrai nom Marc d'Anna, géopolitologue auteur de plusieurs ouvrages controversés sur l'islam.

Financement du Front national en Russie

Selon Mediapart, c'est ce même Jean-Luc Schaffhauser qui a menacé le média en décembre 2016 après son enquête sur le financement du FN en Russie. "Il faut savoir que nous pouvons enquêter sur votre enquête et montrer qui vous paie ou paie Mediapart", s'agaçait alors l'élu qui soupçonnait Mediapart "d'être commandité par des réseaux extérieurs de propagande".

C'est précisément ce que cette enquête cherchait à démontrer lorsqu'elle a été présentée le 25 octobre 2017 au Parlement européen, devant des élus du groupe ENL (Europe des Nations et des Libertés).

"Chien de garde du système"

D'après les informations recueillies par le site d'investigation, l'objectif de ce rapport était de "démontrer les liens existant entre certains acteurs extérieurs et ce média, ainsi que des acteurs politiques mainstream qui se positionnent pourtant comme étant 'indépendants' et 'objectifs'". L'enquête visait aussi à "montrer que ce média est un chien de garde du système", précise le document.

Il s'appuie notamment sur plusieurs "études de cas" pour démontrer les liens de Mediapart avec le monde judiciaire et policier. Entre autres, le "Penelope Gate", le financement russe du FN ou encore les liens supposés entre le PNF (Parquet national financier) - qui a ouvert les enquêtes visant François Fillon et Jean-Luc Schaffhauser - et Mediapart.

Selon ce rapport, le pure-player mène un "jihad médiatico-intellectuel" et est un "agent d'influence des islamistes entre les mains des Frères musulmans". Comme l'affirme Mediapart, les mots "islam" ou "islamiste" figurent pas moins de 176 fois dans cette étude.

"Un cas d'école en matière de fake news"

Renseignements sur les fondateurs et actionnaires de Mediapart, photos, liens amicaux et familiaux ou engagements supposés figurent également dans ce rapport, comme l'explique le site d'investigation. Son fondateur Edwy Plenel y est même particulièrement visé.

Cette enquête a été fermement condamnée par Mediapart dans un article publié sur son site internet ce vendredi. Le groupe s'est notamment défendu de toutes les accusations portées en matière de financement et a appelé à se reporter à la publication de ses comptes et de son actionnariat.

Il a pointé du doigt des erreurs dans le rapport concernant par exemple le capital de Mediapart qui n'est pas détenu à 33% par ses cofondateurs comme l'affirme l'enquête, mais à 42,08%. Ou encore sur la Société des amis de Mediapart (SAM) présentée comme "une structure très opaque" dont les noms des 46 fondateurs seraient "anonymes", alors que cette liste a été déposée au greffe du tribunal de commerce lors de sa création en 2008.

Enfin le site d'investigation a souligné le caractère complotiste de l'enquête, qui illustre selon lui un "cas d'école en matière de fake news".

M. F.