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Rassemblement national

Jean-Marie Le Pen devant le "tribunal" du FN

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Le bureau exécutif du Front national se réunit jeudi pour décider du sort de Jean-Marie Le Pen, qui risque l'exclusion, et tenter de mettre un terme à une crise ouverte depuis cinq mois qui parasite la vie du parti.

Malgré une convocation qu'il juge "perverse", Jean-Marie Le Pen se rendra bien, ce jeudi, devant le bureau exécutif du Front national, au siège du parti, à Nanterre. Fin juillet, après des rebondissements judiciaires, le cofondateur du FN, 87 ans, a été convoqué par sa fille Marine pour venir s'expliquer le 20 août devant le bureau exécutif, réuni en formation disciplinaire. En cause: ses dernières sorties polémiques, qui n'ont eu de cesse d'agacer sa fille, Marine Le Pen, qui veut trouver une conclusion à cette guerre ouverte. 

Déjà convoqué début mai

Car depuis les dernières sorties provocatrices de son père, au printemps, Marine Le Pen a engagé à son encontre une véritable procédure disciplinaire, qui s'est traduite par une première convocation, le 4 mai dernier, à laquelle Jean-Marie Le Pen ne s'était pas présenté. Il avait alors été suspendu de sa qualité d'adhérent du FN.

Puis un congrès postal avait été organisé pour valider les nouveaux statuts du parti, qui incluaient la suppression de la présidence d'honneur, détenue par Jean-Marie Le Pen. Mais à trois reprises, sa fille s'est heurtée à des décisions de justice défavorables. Dans le premier cas, les juges ont estimé que la décision de suspendre Jean-Marie Le Pen "viol(ait) les règles statutaires" du parti. Idem pour le congrès postal, "une pseudo-consultation" jugée "hors la loi" par Jean-Marie Le Pen et également contesté en justice par lui. Seul un congrès physique est habilité à supprimer la présidence d'honneur, ont répondu les juges, en première et deuxième instance.

Qu'est-il reproché à Jean-Marie Le Pen?

Les propos réitérés depuis début 2015 par le président d'honneur du parti sur les chambres à gaz, "un détail de l'histoire", le maréchal Pétain, les homosexuels, sur Marine Le Pen, dont il a "honte qu'elle porte (son) nom", et à qui il ne souhaite pas la victoire en 2017, lui ont valu cette convocation.

Au total, Marine Le Pen a énuméré quinze griefs qui selon elle sont "susceptibles de constituer des fautes graves, sanctionnées par les statuts et les principes du FN. Outre ses sorties sur les chambres à gaz -pour lesquelles il est aussi convoqué devant le tribunal correctionnel- figurent des déclarations visant Florian Philippot, pris en grippe par Jean-Marie Le Pen, et sa petite-fille Marion Maréchal-Le Pen.

La sanction prononcée peut aller jusqu'à la suspension provisoire, la radiation et l'exclusion pour faute ou motif grave. Mercredi soir sur BFMTV, Gilbert Collard, député RBM, a été très clair: si Jean-Marie Le Pen maintient ses propos, "on l'enterre à Nanterre", a-t-il déclaré.

Qui sera présent?

Version resserrée du bureau politique, le bureau exécutif est la plus haute instance du Front national. Face à Jean-Marie Le Pen se trouveront donc le secrétaire général du parti, Nicolas Bay, le vice-président chargé de la formation et des manifestations, Louis Aliot, le vice-président aux exécutifs locaux, Steeve Briois, la vice-présidente chargée des affaires sociales, Marie-Christine Arnautu, le vice-président chargé des affaires juridiques, Jean-François Jalkh, et le trésorier national, Wallerand de Saint Just, 

En revanche, la présidente du Front national, Marine Le Pen, et son bras droit Florian Philippot ont fait savoir mardi soir qu'ils seraient absents de la réunion pour "respecter une impartialité totale". En leur absence, le premier vice-président du parti, Jean-François Jalkh, présidera ce bureau exécutif.

"Administrer une leçon"

A la réception de la convocation, Jean-Marie Le Pen avait immédiatement dénoncé une "volonté de nuisance particulièrement perverse" et "une certaine dose de méchanceté intrinsèque". "Au moment de partir pour une cure de repos et le jour de la Saint-Jean-Marie, Marine Le Pen, la présidente du Front national, me cite, par huissier, le 20 août, en plein milieu du mois de vacances des Français, à comparaître devant son bureau exécutif en formation disciplinaire", avait-il déploré dans un communiqué.

Mais le fondateur du Front national ne se laisse pas pour autant impressionner. Il sera bel et bien présent ce jeudi à la réunion du bureau exécutif, et compte bien en profiter pour dire ce qu'il pense. Dans un communiqué publié lundi, l'intéressé a annoncé sa volonté "d'exposer ses griefs" et "d'administrer une leçon", "leçon de loyauté" et "leçon de politique".

A.S.