Fabius : « Honecker m’avait dit, si le Mur tombe, nous ferons la guerre »

- - -
L'Allemagne célèbre ce lundi 9 novembre le 20e anniversaire de la chute du Mur de Berlin. Président de l'Assemblée Nationale en 1989, l'actuel député PS de Seine-Maritime Laurent Fabius se souvient d'une anecdote concernant Erich Honecker, le dernier dirigeant de l'Allemagne de l'Est (RDA) : « on dit aujourd'hui que tout ça était prévu de longue date, qu'il était fatal que le Mur s'écroule... Mais moi, lors d'une visite officielle en RDA en 1985, j'avais eu une conversation avec Honecker. Je lui avais dit : qu'est-ce qui se passe si le Mur tombe ? Et il m'avait dit, en me regardant dans les yeux : nous ferons la guerre. »
« Ne pas oublier le rôle central de Gorbatchev »
Une conversation dont Laurent Fabius s'est bien entendu rappelée au moment de la chute du Mur de Berlin en 1989 : « les choses se sont passées de façon totalement pacifique. Et j'en ai tiré en particulier, la leçon d'une grande admiration pour Gorbatchev. Absolument détesté en Russie, même s'il n'a pas vu tous les développements qui se sont produits, je crois qu'il a joué un rôle absolument central. Parce que si les troupes soviétiques ne sont pas intervenues dans les différents pays, et si les choses ont pu se passer de manière libre, c'est en particulier parce que Gorbatchev, dépassé par son propre mouvement, a quand même dit : il ne faut pas d'intervention militaire. Et ça, je crois qu'il ne faut pas l'oublier aujourd'hui. »
« Le franco-allemand, c'est la base-même de l'Europe »
Portant un regard critique sur les 20 années écoulées depuis la chute du Mur, le député PS regrette un manque d'actions concrètes : « Quand on se rappelle les événements de l'époque, on se disait : maintenant tout est possible. Nous sommes 20 ans plus tard, mais peu de choses ont été faites. Et c'est peut-être pour ça que les commémorations cette année ont plus de force qu'il y a 10 ans. On s'aperçoit aussi de beaucoup d'occasions perdues. [...] Aujourd'hui, l'amitié entre la France et l'Allemagne est fondamentale et le franco-allemand, c'est la base-même de l'Europe. Rien d'important ne s'est fait en Europe sans le franco-allemand. Mais le nombre d'actions communes qu'on est en train de mener est extrêmement faible. Je ne veux pas être rabat-joie, mais, outre la commémoration, ce qui m'intéresse c'est l'action. »
Pour écouter l'intégralité de l'interview de Laurent Fabius, cliquez ici.