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Nice, Lyon, Marseille... Les points chauds des prochaines élections municipales

Emmanuel Macron aux Assises des maires bretons, le 3 avril 2019

Emmanuel Macron aux Assises des maires bretons, le 3 avril 2019 - AFP - Damien Meyer

À Paris, tout reste à faire pour La République en marche, qui n'a pas encore choisi son candidat pour affronter Anne Hidalgo. Les autres grandes villes de France présentent des scénarios variés, dans lesquels le parti présidentiel débarque souvent sur un échiquier dont il n'a pas la maîtrise.

Il n'y a pas que Paris qui présente des difficultés à La République en marche. Dans toutes les grandes villes de France, le parti présidentiel veut jouer des coudes pour se faire une place, si possible en récupérant des mairies. L'opération exigera un subtil mélange d'alliances et de tentatives solitaires, selon les situations locales. 

  • Marseille - LaREM dans le sillage de Gaudin?

Après 24 ans à la tête de la cité phocéenne, le maire LR Jean-Claude Gaudin abandonnera son siège en mars prochain. À droite, c’est la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal, qui tient la corde pour lui succéder. Elle risque d’être concurrencée à la fois par le sénateur LR Bruno Gilles et le patron de la Région PACA, Renaud Muselier. À gauche, la sénatrice socialiste Samia Ghali est déterminée à se présenter. L’hypothèse Mélenchon, qui avait fait un très bon score à Marseille à l’élection présidentielle, est remise en question par la crise post-européennes que traverse La France insoumise. Le sénateur Stéphane Ravier défendra à nouveau les couleurs du Rassemblement national.

Du côté de la macronie, on hésite. Vassal et Gaudin ont publiquement appelé à une alliance LR-LaREM, ce que refusent les militants locaux du parti présidentiel et, surtout, le député LaREM des Bouches-du-Rhône Saïd Ahamada, candidat à l’investiture. Jean-Philippe Agresti est également un candidat potentiel, tout comme les ministres Christophe Castaner et Marlène Schiappa. 

  • Lyon - Collomb, l'ultime bataille

Sur le papier, LaREM dispose à Lyon d'une carte maîtresse: le maire sortant n’est nul autre que Gérard Collomb, soutien de la première heure d’Emmanuel Macron. L’ex-socialiste a toutefois pris ses distances avec l'Élysée depuis sa démission du ministère de l'Intérieur - de quoi mettre en doute sa volonté même d'obtenir le label LaREM, comme l'évoque L'Opinion. Il est par ailleurs engagé dans une âpre lutte avec son ancien bras droit, David Kimelfeld, qui brigue aussi bien la mairie de Lyon que la présidence de la métropole.

La commission nationale d’investiture (CNI) du parti présidentiel temporise donc avant de trancher entre les deux impétrants. Chez Les Républicains, c’est un proche de Laurent Wauquiez, Etienne Blanc, qui entend porter l’étendard, même si les sondages accordent pour l’instant la victoire à LaREM. 

  • Lille - Duel annoncé entre le PS et LR

Martine Aubry n’a pas encore raccroché les gants. Comme à son habitude, la maire socialiste de Lille ne se précipite pas pour déclarer sa candidature. Le sénateur LR Marc-Philippe Daubresse, lui, est sorti du bois. Dans un récent sondage OpinionWay publié fin mars par La Voix du Nord, l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy recueillait 18% des intentions de vote, derrière l’édile sortante (22%). La troisième position est occupée par le député LFI du Nord Adrien Quatennens (14%), pressenti pour défendre l’étiquette insoumise à Lille.

En difficulté, LaREM est le théâtre, à Lille, d’un duel entre la députée Valérie Petit (11%) et Violette Spillebout (5%), ex-directrice de cabinet de Martine Aubry. Les deux se battent pour l’investiture du parti présidentiel. Si la mairie semble difficilement gagnable, la métropole peut l’être si le ministre Gérald Darmanin décidait d’en briguer la présidence.

  • Nantes - Bol d'air frais pour les socialistes

En mars 2020, les socialistes pourront compter sur quelques bastions pour se rassurer. Nantes est de ceux-là. Successeur de Jean-Marc Ayrault, la maire sortante Johanna Rolland est en bonne position pour être réélue. Un sondage Ifop publié par Ouest-France dimanche lui accorde 33% des voix au premier tour. Un bol d’air frais après la claque subie par le PS à Nantes aux élections européennes.

La liste Europe Écologie-Les Verts, menée par Julie Laernoes, est quant à elle créditée de 23%. Un beau score qui explique pourquoi Johanna Rolland lorgne davantage une alliance PS-EELV au second tour qu’un accord avec LaREM. D’autant que rien n’est tranché du côté des marcheurs; première candidate à se déclarer pour l'investiture, Sophie Errante a mal entamé sa campagne. Certains appellent le ministre François de Rugy à venir se présenter, mais l’hypothèse semble improbable. La députée MoDem de Loire-Atlantique, Sarah El Haïry, est également une possible candidate, mais affirme auprès de BFMTV.com qu’elle ne prendra pas de décision "avant la fin de l’été".

  • Bordeaux - Un LaREM contre un juppéiste?

Si les municipales menacent d’introduire quelques coins dans l’alliance entre LaREM et son partenaire historique, le MoDem, le risque est manifeste à Bordeaux. Alain Juppé et son successeur, Nicolas Florian, ont toujours travaillé avec les troupes de François Bayrou à la mairie. L’édile sortant est également soutenu par le Premier ministre, Édouard Philippe.

Problème, LaREM entend peut-être investir une candidature autonome, celle de Thomas Cazenave, proche d’Emmanuel Macron. Dans un sondage Ifop réalisé en mai, Nicolas Florian était crédité de 45% des intentions de vote, loin devant les 8% du postulant marcheur. Les autres listes testées enregistrent un retard important: EELV est à 14%, tandis que LFI pointe à 13%.

  • Strasbourg - Boulevard pour la macronie

Parmi les grandes villes françaises, Strasbourg est sans doute le plus grand boulevard dont disposent les marcheurs. Le maire socialiste sortant, Roland Ries, ne se représente pas, alors même que LaREM prévoit d’investir son actuel premier adjoint, l’ex-PS Alain Fontanel.

En face, à droite, aucune figure n’a émergé pour l’heure, d’autant plus que l’ancienne maire juppéiste Fabienne Keller, membre d’Agir, a obtenu un siège au Parlement européen en rejoignant la liste LaREM. De quoi permettre aux macronistes de jouer sur deux tableaux. Le principal rival d’Alain Fontanel, le président PS de l’Eurométropole, Robert Herrman, a par ailleurs annoncé qu’il ne se présenterait pas. La voie semble dégagée.

  • Grenoble - Le grand retour du LR Alain Carignon

Alain Carignon réussira-t-il son grand retour à Grenoble? Maire de la ville de 1983 à 1995, l’ex-ministre a confirmé qu’il serait candidat en 2020, à la tête d’une liste “société civile”, pour affronter l’actuel sortant, l’écologiste Eric Piolle. Lequel n’a d’ailleurs pas encore confirmé qu’il serait candidat.

À droite, Alain Carignon sera concurrencé par le sénateur Michel Savin, en passe d’obtenir l’investiture LR. Mi-juillet, la CNI de LaREM tranchera entre trois candidats: le référent local Olivier Six, la députée Émilie Chalas et la cheffe d’entreprise Cécile Prost. Toute la question pour Eric Piolle sera de savoir s’il reproduit l’alliance rouge-verte (via les insoumis, donc) qui lui avait permis d’être élu en 2014.

  • Nice - Estrosi-Ciotti, guerre des droites

C’est la véritable élection "popcorn" des prochaines municipales. Nice risque bien d’être le théâtre d’une lutte fratricide entre deux LR, le maire sortant Christian Estrosi et le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, son ancien collaborateur. D’après Le Canard enchaîné de ce mercredi, Emmanuel Macron aurait décidé de ne présenter aucun candidat LaREM contre le fondateur de La France audacieuse, ce collectif d’élus bienveillants à l’égard de la politique du gouvernement. 

Pour Christian Estrosi, devenu divers droite, il s’agira donc d’affronter à la fois LR (si Ciotti se présente) et le RN, arrivé en tête aux élections européennes. Ce dernier sera représenté par le stratège identitaire Philippe Vardon. Dans un sondage Ifop/CNews publié début avril, le maire sortant était placé largement en tête, voire vainqueur dès le premier tour (51%) en cas d’absence d’Eric Ciotti sur la ligne de départ. Le RN est situé dans une fourchette entre 11 et 17% et le socialiste Patrick Allemand, entre 15 et 18%. 

  • Toulouse - Moudenc en pôle position 

Cas de figure similaire à celui de Nice, Toulouse verra son maire LR sortant Jean-Luc Moudenc sans adversaire LaREM. Plus encore que Christian Estrosi, qui a quelque peu louvoyé depuis le début du quinquennat sur ses rapports à la macronie, Jean-Luc Moudenc est très compatible avec l'Élysée. Il arrive par ailleurs largement en tête des intentions de vote: un sondage Ifop réalisé mi-avril le créditait de 36% des voix au premier tour. Et ce en testant une liste LaREM dont la présence, désormais, semble plus qu'hypothétique. Encore faut-il que les marcheurs locaux acceptent de se rallier à Jean-Luc Moudenc. 

Sur sa gauche, l'édile toulousain pourrait être concurrencé par le sénateur PS de Haute-Garonne Claude Raynal. Allié au Parti communiste, l'ex-maire de Tournefeuille ne recueille que 15% des intentions de vote dans le sondage Ifop, suivi de près de l'écologiste Antoine Maurice (14%). La liste insoumise de Jean-Christophe Sellin est située à 11%. 

Jules Pecnard