"L'équivalent d'un an d'achats de livres": cette maire réclame à Macron 18.000 euros pour l'organisation des législatives

Camille Pouponneau a "peu d'espoir" qu'on lui réponde, mais elle a tout de même tenu à sortir sa plume pour écrire au président de la République. Vendredi 23 août, la maire de la petite ville de Pibrac (Haute-Garonne) a adressé une lettre à Emmanuel Macron afin de lui demander que soient remboursés à la commune les frais de tenue des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet dernier, après la dissolution de l'Assemblée décidée par le chef de l'État.
Dans son courrier qui détaille l'ensemble des coûts engendrés par cette élection non prévue, l'élue explique que cette "dissolution surprise" a coûté 18.762 euros à sa municipalité, et qu'elle ne sera dédommagée que d'environ 1.000 euros par l'État.
Matériel, agents déployés, heures supplémentaires
Et la maire de cette petite commune d'environ 8.200 habitants n'est pas un cas isolé, à en croire l'association des petites villes de France (APVF). En juillet dernier, l'association a demandé au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin "une indemnisation complète et rapide des surcoûts engendrés par l’organisation des scrutins"... dans un courrier resté lettre morte jusqu'à ce jour.
"Dès le lendemain des élections, beaucoup de maires se sont tournés vers nous pour nous faire remarquer le coût supplémentaire que représentait pour eux cette dépense non prévue, dans une situation financière déjà tendue", raconte à BFMTV.com André Robert, délégué général de l'APVF.
Achat de matériel législatif, paiement d'heures supplémentaires pour les agents mobilisés, déploiement de personnel additionnel... Le porte-parole des élus des petites communes de France salue l'abnégation des municipalités qui ont "tout fait" pour organiser ce scrutin avec les moyens du bord et dans un temps record, à savoir 20 jours.
Interrogée par BFMTV.com, l'élue de Haute-Garonne dit avoir "l'impression que des décisions sont prises au niveau national sans se rendre compte de ce que ça va impliquer localement, de manière très opérationnelle". "C'est pour ça que cet été, on s'est posé et on a pris le temps de compter ce que ça représentait pour nous", poursuit-elle.
"Au total, cette dépense imprévue représente l'équivalent d'un an d'achat de livres pour la médiathèque, la moitié des fournitures scolaires achetées sur l'année ou encore le recrutement pour 6 mois d'une personne au service technique", détaille avec regret Camille Pouponneau dans sa lettre.
Bien que "très attachée à ce que les communes participent à l'organisation de la vie démocratique" du pays, elle ne cache pas avoir été "très choquée" par la petite phrase prononcée - selon nos confrères du Monde - par le président Macron au lendemain de la dissolution de l'Assemblée: "Je leur ai balancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant on va voir comment ils s’en sortent".
18.000 euros qui n'étaient pas prévus
"Chez moi, ça veut dire des agents qui ont dû annuler leurs vacances à la dernière minute et puis c'est 18.000 euros qui n'étaient absolument pas prévus - contrairement aux européennes - et qu'on va devoir renoncer à mettre ailleurs", développe encore Camille Pouponneau.
La maire "aurait aimé utiliser cette somme pour d'autres choses comme dans un renfort plus important au service technique des espaces verts, ou dans les salles des fêtes par exemple". "Ça ça aurait été véritablement utile dans le quotidien des habitants", conclut-elle.
Aujourd'hui, elle redoute une nouvelle baisse de ses dotations à l'aube du nouveau Budget 2025 et aimerait que l'État cesse de "faire croire" que les municipalités seraient "des gros dépensiers responsables de la dette publique" alors qu'elles épongent "une partie de cette dette, au contraire".