EDITO - Soutien des Français aux gilets jaunes: "catastrophique pour le président"

D'après notre dernier sondage Elabe pour BFMTV, 75% des Français approuvent les gilets jaunes, et le soutien est en hausse de 5 points. Des résultats qui sonnent comme une défaite pour l'exécutif, alors qu'il multiplie les annonces et assure avoir "entendu" la colère des Français. D'après Thierry Arnaud, éditorialiste de BFMTV, et Bernard Sananès, le président de l'institut de sondage Elabe, seule l'annonce d'un moratoire sur la hausse des taxes sur le carburant aurait un réel effet positif sur l'opinion. Quelle que soit l'issue de cette crise, il se pourrait que le président et le Premier ministre soient perdants à tous les coups.
Bernard Sananès - "Les Français ne croient pas à la posture" de l'exécutif
"Ni l’image des Champs-Elysées, ni le discours d’Emmanuel Macron, n’ont contribué à faire diminuer l’approbation de cette mobilisation. On a l’impression que tout le monde est à l’écoute, mais que personne n’écoute vraiment, c’est ce que dit ce sondage: 81% des interrogés estiment qu’Emmanuel Macron et le gouvernement ne sont pas à l’écoute des revendications des gilets jaunes.
Ça veut dire que tous les signes qui ont été adressés, plusieurs mea culpa, des ouvertures de dialogue avec les gilets jaunes, on l’a vu hier autour de François de Rugy à l’Elysée, toute cette nouvelle posture, les Français n’y croient pas. Pourquoi? Parce qu’il n’y a pas eu la mesure symbolique de dire qui aurait permis - évidemment sur la hausse des taxes sur le carburant – de dire ‘on ne vous a pas simplement écoutés mais on vous a entendus’".
Thierry Arnaud - "Il va falloir prendre des décisions sous la pression"
"C’est un sondage catastrophique pour l’exécutif, catastrophique pour le président en particulier, parce que ce sondage a été fait après son discours. Les choses se dégradent au sein même de son électorat: 58% des électeurs d’Emmanuel Macron au premier tour approuvent ce mouvement.
59% des électeurs d’Emmanuel Macron considèrent qu’il n’est pas à l’écoute, ça veut franchement dire qu’à ce stade, on ne voit pas comment la position d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe est tenable dans la durée. Peut-être qu’ils vont s’acharner, que je serai démenti par les faits, peut-être que le mouvement va s’essouffler, mais compte tenu de l’état de l’opinion publique dans son ensemble, de l’approbation majoritaire à ce mouvement, y compris ds le propre électorat de premier tour du président (…), il va falloir prendre des décisions sous la pression.
Le sentiment qu’on a ce soir c’est que l’exécutif a eu un coup de retard à chaque fois. Les 500 millions de mesures annoncés par Edouard Philippe sont venus trop tard, le discours d’Emmanuel Macron hier n’aurait sans doute pas eu le même effet s’il avait été tenu une semaine ou même deux semaines plus tôt.
Si la prochaine étape c’est le moratoire, au fond le président aura cumulé deux désavantages: il aura subi l’effet négatif de l’obstination, qui aura duré assez longtemps, et il subira à ce moment-là l’effet négatif de celui qui cède, si on en arrive là. C’est une hypothèse, pas un pronostic, mais on voit mal comment le gouvernement va pouvoir tenir, et certains au sein de la majorité se posent la même question".