BFMTV
Politique

ÉDITO - "La justice française se contredit elle-même" dans l'affaire Vincent Lambert

placeholder video
Dans l'affaire Vincent Lambert, les décisions juridiques se suivent mais ne se ressemblent pas. Une loi encadrant la fin de vie existe pourtant dans les textes français, mais est-elle au point?

Arrêtés lundi matin, les traitements ont finalement repris pour Vincent Lambert, après une décision de la cour d'appel de Paris. Cette dernière contraint la France à prendre en compte la demande du comité de défense des personnes handicapées (CDPH) de l'ONU, qui souhaite que les soins continuent tant qu'il n'aura pas étudié le dossier complètement.

Ce rebondissement juridique n'en est qu'un parmi tant d'autres depuis 2013, quand les premières demandes concernant la fin de vie de Vincent Lambert ont été avancées. D'un côté, les parents de l'homme - aujourd'hui décrit dans un état "végétatif" - qui refusent l'arrêt des soins, de l'autre, sa femme et son neveu, qui au contraire le réclament.

Les recours juridiques s'enchaînent et se contredisent, alors qu'une loi existe concernant les droits des personnes en fin de vie et l'encadrement de ces fins de vie: la loi Claeys-Leonetti.

Christophe Barbier baromètre des éditorialistes
Christophe Barbier baromètre des éditorialistes © BFMTV

"La loi française est inefficace et dans l'impasse"

"La loi française, la loi Claeys-Leonetti du 2 février 2016 est inefficace, elle est dans une impasse. Pourquoi? Parce que cette loi est incapable de trancher entre deux émotions légitimes, entre deux convictions légitimes: Celle des parents d'un côté - maintenir en vie - celle de l'épouse de l'autre.
La loi française est dans l'impasse parce qu'elle est incapable aussi de dire si les décisions de la loi française sont supérieures ou inférieures aux décisions de l'ONU. Le comité international des droits pour les handicapés a dit la semaine dernière qu'il fallait prolonger la vie de Vincent Lambert. 'Ce n'est pas contraignant' a dit la Justice avant le weekend, 'c'est contraignant' a dit la Justice après le weekend. La Justice française se contredit elle-même, donc il faut changer la loi.

>> "On suit la volonté du patient"

Il y a des failles dans ce texte. Il est dit que lorsque les traitements 'apparaissent inutiles, disproportionnés ou lorsqu'ils n'ont d'autre effet que le seul maintien artificiel de la vie, ils peuvent être suspendus'.
'Ils peuvent', ils ne 'doivent' pas. Ce mot 'pouvoir' a créé le litige et la justice n'arrive pas à trancher. Il faut passer à l'affirmatif, celui d'abord de la volonté des gens. La loi le prévoit: quand quelqu'un a formulé des souhaits, en conscience, on suit la volonté du patient, et s'il est hors d'état d'exprimer cette volonté, et bien on suit la volonté des médecins avec une décision collégiale.
Il faut rendre obligatoire à 18 ans pour chacun d'entre nous, le fait de remplir un formulaire en disant: voilà ce que je veux. Et si on n'est pas capable de le décider, on désigne une personne qui décidera à notre place. Si on change d'avis, on reprend le formulaire, et on change d'avis."
Salomé Vincendon