Crise des éleveurs: à qui la faute?

Les éleveurs et producteurs français manifestent contre la faiblesse des prix. - Charly Triballeau / AFP
Les éleveurs français disent "stop". Depuis trois jours en Normandie, ils mènent des opérations de blocage, déposent du fumier devant des enseignes de grande distribution et réclament la venue sur place du ministre de l’Agriculture. Eleveurs et producteurs de lait protestent contre la faiblesse des prix, leurs marges ayant sensiblement diminué depuis 2012 alors que celles de la grande distribution ont progressé.
En juin dernier, Stéphane Le Foll avait déjà demandé aux intermédiaires de dégager une marge plus importante pour les agriculteurs, après la publication du rapport Chalmin.
"C’est pas moi, c’est lui"
Dans ce dossier, les hommes politiques ne cessent de se défausser et jouent à "c’est pas moi, c’est lui", ironise Apolline de Malherbe, l’éditorialiste politique de BFMTV. "La droite accuse la gauche, et la gauche répond que c’est la faute de la droite. Guillaume Garot remet la faute sur son prédécesseur Bruno Le Maire, qui lui a répondu que c’était celle de Stéphane Le Foll. Et pendant ce temps-là, l’éleveur meurt."
La balle est en permanence renvoyée, tout comme du côté des industriels, transformateurs et distributeurs. "Mais en réalité, la faute est évidemment collective", assure Apolline de Malherbe.
La politique du prix bas
"Il y a eu une politique extrêmement interventionniste et une spirale de l’endettement. L’agriculture a été tordue entre subventions, quotas, normes et réglementations", indique la journaliste.
"Les politiques ont opté pour la politique du prix bas. Tous, de droite comme de gauche, vantent l’idée de redonner du pouvoir d’achat aux Français et tout cela, en écrasant les prix." Le consommateur y gagne à court terme mais la politique de la vie pas chère a paupérisé toute une profession.
Sortie de crise à l’horizon?
Selon notre éditorialiste, la crise risque de durer, mais contrairement aux premières annonces de lundi, Stéphane Le Foll se rendra ce mardi après-midi à Caen pour "discuter avec les responsables agricoles". Le ministre a finalement cédé à l'exigence des éleveurs.
De son côté, François Hollande a annoncé ce mardi matin qu'un "plan d'urgence" en faveur des éleveurs serait présenté lors du Conseil des ministres de mercredi.