BFMTV
Politique

A quoi sert Arnaud Montebourg ?

Arnaud Montebourg

Arnaud Montebourg - -

L’Etat a pris acte de la situation économique de PSA et a fait siennes les conclusions du rapport d’audit commandé par Arnaud Montebourg : il faut fermer le site d’Aulnay... Un revirement ?

Plus qu’un revirement, certains parlent de pragmatisme, de retour de la réalité alors que les syndicats parlent de trahison. Il faut aller un cran plus loin : c’est de la malhonnêteté. Sans porter de jugement sur le diagnostic et en se gardant de faire la leçon aux chefs d’entreprise qui savent mieux que quiconque quelle doit être la stratégie de leur entreprise (et en portent d’ailleurs la responsabilité), il y a malgré tout des règles et des lois à respecter. Et s’ils ne les respectent pas, ils sont sanctionnés. Les choses sont claires. Ce n’est pourtant pas ce qu’a fait le gouvernement en juillet dernier, en portant un jugement tout en faisant des promesses.
Certes, François Hollande était alors candidat, il ne faisait que des promesses. Mais que dire alors du ministre du redressement productif Arnaud Montebourg qui avait sévèrement accusé la famille Peugeot et dit qu’il avait un problème avec la stratégie de l’entreprise ? Il avait alors même parlé de « malade imaginaire » au sujet de PSA.

Depuis, le gouvernement semble avoir pris acte de la réalité économique…

Certes, mais comment peut-il dire : on ne laissera pas faire ? Comment le faire croire aux salariés de PSA, aux Français ? Dire « on ne laissera pas faire, ça veut dire par exemple qu’il faut changer les règles, durcir la loi sur les licenciements ou encore interdire les licenciements boursiers. C’était d’ailleurs dans le programme du candidat Hollande. De la même manière, il est difficile de parler de mensonges et de dissimulations de l’actionnaire de PSA, des accusations graves que le gouvernement ne peut prononcer sans preuves. On ne peut pas jouer avec la parole publique, la parole officielle. Le gouvernement n’a rendu service ni à l’économie, ni aux Français, et n’a pas fait acte de pédagogie.

Le gouvernement n’a-t-il pas aggravé les choses ?

C’est la dernière interrogation de ce dossier : quand on lit en détail le rapport Sartorius, on découvre que l’expert reconnaît la nécessité d’une restructuration mais il estime que le groupe aurait pu fermer le site de Madrid au lieu d’Aulnay. Il y a certes des règles européennes qui nous empêchent d’invoquer une quelconque préférence nationale, mais il est possible que si en coulisses les discussions avaient été plus apaisées et plus respectueuses entre le gouvernement et l’actionnaire, il aurait peut-être pu faire pencher la balance en faveur des usines françaises. Il y a donc en quelque sorte une double faute possible.

Mais le gouvernement a promis d’être exemplaire sur le plan social…

C’est bien le moins qu’il puisse faire, le rôle minimum de l’Etat. Faire respecter les règles du licenciement économique à PSA, l’aider au besoin à trouver une solution pour tous les salariés, ce sont les règles de notre démocratie économique. Mais puisqu’il faut faire des économies, posons-nous une autre question : à quoi sert le ministère du Redressement productif et l’agitation d’Arnaud Montebourg, puisque le gouvernement donne l’impression d’avoir baissé les bras ? Il y a déjà Michel Sapin et le ministère du Travail pour faire appliquer les lois sur le licenciement.

Christophe Jakubyszyn