“Violeur de Tinder”: le procès en appel de Salim Berrada s’ouvre à Créteil ce mardi

Le logo de l'application Tinder. - AFP
Le procès en appel de celui que les médias ont surnommé le "violeur de Tinder", Salim Berrada, condamné en première instance à 18 ans de réclusion criminelle pour avoir violé ou agressé sexuellement 15 femmes rencontrées en ligne, s'ouvre mardi à Créteil.
Tout au long de son premier procès, en mars 2024, Salim Berrada avait clamé son innocence, arguant que les relations avec ces femmes étaient consenties, ou n'avaient pas existé.
17 femmes face à l'accusé
Au terme de deux semaines d'audience, où le consentement avait été au coeur des débats, la cour criminelle de Paris avait reconnu coupable cet ex-photographe marocain d'aujourd'hui 40 ans de 12 viols et trois agressions sexuelles.
Pour deux autres plaignantes, elle l'avait acquitté, considérant que les preuves manquaient et que "le doute" devait lui bénéficier. L'accusé s'était vu infliger une peine de 18 ans de réclusion criminelle, assortie d'une obligation de quitter le territoire. Il avait aussitôt interjeté appel.
17 femmes se sont de nouveau constituées parties civiles. À quelques jours de l'ouverture du procès en appel devant la cour d'assises du Val-de-Marne, leurs avocates décrivent l'épuisement des plaignantes.
"Longueur excessive"
Ces femmes "sont fatiguées de la longueur excessive de la procédure", a dit à l'AFP Me Marjolaine Vignola, avocate de trois parties civiles qui seront successivement appelées à la barre.
"C'est dur pour elles, de devoir à nouveau se confronter à ce qu'elles ont vécu. Pour certaines, cela remonte à plus de dix ans", abonde Me Sophie Rey-Gascon, avocate de quatre autres plaignantes. Les faits dénoncés s'étalent de 2014 à 2016.
Agées à l'époque d'une petite vingtaine d'années pour la plupart, les plaignantes livrent des récits similaires sur leur rencontre avec Salim Berrada, qui les avait attirées dans son studio via des messages sur des réseaux sociaux ou sites de rencontres, proposant des séances photos.
Une fois à son domicile, elles se voient offrir de l'alcool, que beaucoup n'osent pas refuser. Toutes décrivent alors une ivresse anormale et rapide. Vient ensuite l'état second, l'impression d'avoir été droguées. Certaines vomissent, d'autres tombent.
Toutes racontent le changement de comportement du photographe. Il les plaque, les maintient aux poignets alors qu'elles répètent qu'elles ne veulent pas, puis les viole. Contactés par l'AFP, les conseils de Salim Berrada, Mes Céline Lasek, Irina Kratz et Ambroise Vienet-Legué, n'ont pas souhaité s'exprimer avant le procès.
"Mode opératoire éprouvé"
En première instance, le président de criminelle de Paris, Thierry Fusina, avait souligné le "caractère particulièrement organisé", le "mode opératoire éprouvé" et le "caractère sériel de ces crimes et délits", jugé "particulièrement inquiétant".
Il avait aussi insisté sur "l'importance certaine du préjudice" des victimes, la "modification profonde de leur existence dans le domaine personnel et professionnel", encore aujourd'hui.
La cour avait enfin rappelé que Salim Berrada était mis en examen pour des faits similaires qu'il aurait commis alors qu'il venait d'être remis en liberté dans ce dossier, en 2019, après deux ans et demi de détention provisoire.
Lors du premier procès, l'avocat général, qui avait requis une peine de 19 ans de réclusion, avait fustigé un "insatiable chasseur égocentrique", qui "ne reconnaît rien".
La défense avait pour sa part longuement prié la cour d'au moins "douter" de sa culpabilité. "J'aimerais juste dire que ce monstre (...) ce n'est pas moi", avait murmuré Salim Berrada, avant que la cour ne se retire pour délibérer.
Le verdict de son procès en appel est attendu le 2 ou le 3 octobre. Il encourt la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle.