BFMTV
Police-Justice

Urgences: les pompiers veulent l'abandon du 15, 17 et 18 au profit du seul 112

placeholder video
Les numéros d’urgences sont devenus un vrai casse-tête, Personne ne sait vraiment quel numéro composer en premier lors d’un accident, ou d’une agression. Les pompiers souhaitent qu’un seul numéro soit désormais privilégié: le 112.

Une petite révolution: les pompiers réunis en congrès à Agen demandent l'abandon des différents numéros d'appel dédiés aux urgences au profit du seul 112, afin d'améliorer l'efficacité des secours sur le terrain et d'économiser 100 millions d'euros par an.

"En début d'année est apparu le 196 (dédié au sauvetage maritime) et ça nous a un peu énervés. Alors qu'on devrait avoir un numéro d'urgence commun, on crée encore un nouveau numéro!", a déclaré vendredi à la tribune du congrès annuel des pompiers Éric Florès, conseiller technique à la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) et directeur des pompiers de l'Aveyron.

A l'heure actuelle, les pompiers gèrent une centaine de centres de réception du 18 (un par département) auxquels il faut ajouter les quelque 400 centres pilotés par la police, la gendarmerie et le Samu dans toute la France, avec force doublons. Outre le 15 (samu), le 17 (police) et le 18 (pompiers) qui sont les plus connus, plusieurs numéros dédiés aux urgences ont été créés au fil des années: le 114 (pour les sourds et malentendants), le 115 (urgences sociales), le 119 (enfants maltraités), le 191 (sauvetage aéronautique) ou dernièrement le 196.

"La France a du retard"

Les pompiers proposent la mise en place d'une dizaine ou d'une vingtaine de grands centres de réception des appels communs, organisés en fonction des bassins de population. Avec un numéro unique: le 112, numéro d'appel d'urgence européen qui se superpose actuellement aux autres numéros d'urgence.

"Les numéros de secours fleurissent et les citoyens n'y comprennent plus rien", a déclaré vendredi à la tribune, Éric Faure, président de la FNSPF. Le regroupement des centres de réception des appels et la mise en place d'un numéro unique permettraient "une clarification, une meilleure efficacité et des économies".

"C'est une très bonne initiative car la France a du retard. Les technologies existent, ce n'est plus qu'une question d'organisation et de volonté politique", a expliqué Jean de la Richerie, d'Airbus defence et space qui gère 70% des appels passés au 911 aux États-Unis. "Le système actuel induit une véritable gabegie financière", juge-t-il.

La mise en place de ce numéro unique permettrait d'économiser "100 millions d'euros par an en charges de fonctionnement", selon les estimations de la FNSPF.

Crise du volontariat

En fin de journée vendredi, le ministre de l'Intérieur a fait un tour du congrès pour porter "un message de reconnaissance et de gratitude pour le travail exceptionnel des sapeurs pompiers professionnels et volontaires de France qui, comme les événements récents l'ont encore montré, n'hésitent pas à exposer leur vie pour sauver celle des autres".

Le ministre prononcera un discours devant les pompiers ce samedi, au cours duquel il devrait faire un point sur le plan gouvernemental engagé il y a deux ans pour mettre fin à la crise du volontariat. Il évoquera aussi le numéro unique d'appel d'urgence que les pompiers appellent de leurs voeux.

Depuis 2011, la Haute-Savoie expérimente une plateforme commune pour les 15, 18, 112 et 115. "Après quatre ans, il apparaît que nous gagnons 30 secondes dans les prises d'appel et cinq minutes dans l'engagement effectif des moyens de secours", a indiqué Jean-Marc Chaboud, directeur des pompiers de Haute-Savoie. "La mutualisation, ça marche, ça fonctionne", a-t-il martelé.

Dès janvier, les pompiers de Paris et la police vont aussi expérimenter une mise en commun de leurs centres de réception. Les grands électeurs de la FNSPF ont par ailleurs réélu vendredi Éric Faure à leur tête avec 89,98% des suffrages exprimés. Il était le seul candidat et a déclaré que le seul enjeu de son action était "l'intérêt de la victime".

C. P. avec AFP