Un ado jugé après le suicide de son prof

Maxime, 17 ans, est jugé ce mercredi au tribunal pour enfants de Laon. Accusé de dénonciation calomnieuse contre son professeur de collège, qui s’est suicidé, il encourt jusqu’à 2 ans et demi de prison ferme. - -
Maxime, un adolescent de 17 ans, est jugé à huis clos ce mercredi matin par le tribunal pour enfants de Laon. Il est accusé de dénonciation calomnieuse contre son professeur de collège. Une dénonciation aux conséquences dramatiques car le professeur s'est suicidé le lendemain de sa garde à vue, en septembre 2008. L’enseignant traversait des difficultés personnelles. Il était en pleine procédure de divorce et n'a pas expliqué son geste.
Selon Maxime, son professeur de sciences physiques lui aurait donné un violent coup de poing après la classe car il refusait notamment de s'expliquer sur un retard. Bilan : une dent cassée. Maxime et son père portent plainte. Le professeur de 38 ans nie. Il fait quelques heures de garde à vue pour violences. De retour chez lui, il se pend. Maxime regrette ce geste et maintient sa version. Les policiers découvrent ensuite sur le blog d'une camarade de classe que l'adolescent a menti. Il s'était cassé la dent pendant les vacances. Maxime finit par le reconnaître. Ses motivations sont complexes. Plusieurs adultes de son entourage l'auraient manipulé. Peut-être même l'ex femme de l'enseignant, professeur dans le même collège.
Maxime, 15 ans à l’époque des faits, encourt aujourd'hui jusqu'à 2 ans et demi de prison ferme.
« Nous ne voulons pas que l’enfant soit le bouc émissaire »
Maître Francis Lec, avocat d'une partie de la famille du professeur qui s'est donné la mort, estime qu’il ne faut pas faire de l’adolescent un bouc émissaire : « Le suicide du professeur va être la résultante d’une chaîne de circonstances, dans laquelle fait partie à la fois le mensonge de l’enfant, l’attitude des adultes qui n’ont pas su s’opposer à lui et qui ont fait preuve d’irresponsabilité, et puis cette circonstance gravissime où l’on va penser avec précipitation, sans contrôler la parole de l’enfant, devoir placer en garde à vue [l’enseignant]. Mais nous ne voulons pas non plus que l’enfant soit le bouc émissaire d’une situation qui engage de multiples responsabilités. »
« Il regrette énormément ce qu’il s’est passé »
Maître Mireille Des Rivières, avocate de l'adolescent, explique sur RMC dans quel état d’esprit il se trouve aujourd’hui : « Il regrette énormément ce qu’il s’est passé il y a deux ans. Il y avait tout un contexte. Maxime était un laissé pour compte du système scolaire. Ça se passait mal avec certains professeurs. Il reconnaît les faits qu’il a commis. Il est responsable du mensonge. On pourrait le considérer comme le responsable de la garde à vue, mais il aurait pu n’y avoir qu’une simple audition. Mais responsable du fait que cet homme a décidé de se donner la mort, non. Je ne vois pas comment le fait de sortir d’une garde à vue en n’ayant même pas une convocation à comparaître devant le tribunal, ça peut pousser véritablement quelqu’un à mettre fin à ses jours. »