Marc Trévidic: "On est entré dans un Etat qui veut sortir du judiciaire"

Le juge spécialiste de l'antiterrorisme Marc Trévidic sur le plateau de BFMTV-RMC, le 11 janvier 2016. - BFMTV
Invité de BFMTV-RMC lundi matin, Marc Trévidic a évoqué les difficultés pour un juge antiterroriste d'exercer son métier, faute de moyens. "Ce qui nous manque, c'est de maintenir les effectifs à un niveau élevé. Aujourd'hui, on est dans la très grande difficulté, on n'a pas pu prévoir cette explosion des contentieux liés à la situation syrienne. Quand c'est calme, on a tendance à réduire les effectifs, comme c'était le cas en 2008 par exemple."
"On est entré dans un Etat qui veut sortir du judiciaire, où on a décidé qu'on pouvait se passer de preuves. Et ça, c'est très dangereux", a-t-il alerté, en allusion au projet de loi antiterroriste sur lequel planche le gouvernement et qui prévoit plus de pouvoirs pour la police.
"Il y a cette idée qu'on ne peut plus se payer le luxe de recueillir des éléments contre quelqu'un, et ça c'est très dangereux", a-t-il insisté.
Le jihad, "c'est branché" pour les jeunes
Et Marc Trévidic de souligner les limites de l'état d'urgence, instauré par François Hollande et prolongé par le gouvernement, qu'il aurait, lui, choisi de ne pas prolonger. "L'état d'urgence est très intéressant sur des périodes très réduites, mais il n'a pas d'efficacité de façon pérenne", a-t-il assuré. Car selon lui, la menace n'a pas fléchi. "Oui, il y aura d'autres attentats" en France, a-t-il affirmé.
Puis, interrogé sur le nombre croissant de jeunes filles à quitter la France pour partir faire le jihad, Marc Trévidic y voit un phénomène de mode. "C'est la mode chez les jeunes, c'est vachement bien d'être intégralement voilée de noir, avec une belle kalach'. Elles baignent là-dedans, ça fait branché", a-t-il déploré.
Marc Trévidic "comprend" la veuve de Franck Brinsolaro