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Police-Justice

Six mois avec sursis requis contre un policier pour violences sur un retraité

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Le parquet a requis jeudi six mois de prison avec sursis contre un policier poursuivi pour avoir porté des coups de poing, dit-il pour se dégager, sur un retraité lors d'un contrôle routier à Paris. Le 7 février 2014, le policier en civil de la Bac (Brigade anticriminalité) qui circule en moto veut interpeller un automobiliste qui aurait brûlé un feu rouge.

Le policier passe son buste à travers l'habitacle de la voiture pour couper le contact. Selon lui, l'automobiliste a alors saisi la jugulaire de son casque. C'est pour se dégager car il n'arrivait plus à respirer qu'il a porté dix coups de poings "à l'aveugle". "Les premiers coups étaient pour intimider", "les trois derniers" plus forts car les précédents n'avaient eu aucun effet, a expliqué le policier, assurant avoir eu recours à la violence "nécessaire" pour se dégager.

Le retraité, qui a eu une dent cassée et six jours d'incapacité totale de travail (ITT), lui, assure qu'il a poussé le casque du fonctionnaire, dont la tête s'est retrouvée entre le volant et le pare-brise. Surtout, comme l'a résumé la magistrate qui rapportait le dossier, il y a eu dans cette affaire une "collision de destins", "une incompréhension terrible" sur la qualité du policier.

Le retraité décrit un homme aux joues écrasées par son casque, au "regard noir", "très méchant". "'On va s'expliquer', est-ce que c'est un langage de policier?", demande-t-il aux juges. Lui qui cherchait une place de stationnement et allait rendre visite à sa fille qui venait d'accoucher s'est retrouvé confronté à un homme "caché" qui le suivait dans l'angle mort de sa voiture, "menaçant": "Je ne l'ai pas pris au sérieux".

"J'ai 67 ans, ancien cadre dirigeant, je vois un gamin qui me dit qu'il veut s'expliquer avec moi et qu'il est de la police", raconte le retraité, qui peine à contenir son énervement. "Il n'avait aucun droit, il avait des devoirs", tonne le retraité, dont l'idée était "d'attendre dans la voiture que la police sérieuse arrive". La scène avait été filmée par des riverains.

Vidéo sans laquelle "on ne se serait pas retrouvé" devant le tribunal, selon son avocat, Joseph Hazan. Dans son réquisitoire, la procureur Anne Coquet a dénoncé le caractère disproportionné des gestes du policier, qui contribue à "jeter le discrédit" sur la police. "Quand on sent qu'on asphyxie, on redouble de violence", a plaidé pour le policier Me Laurent-Franck Liénard, invitant le tribunal à faire l'expérience du sentiment "détestable" de suffocation.

Soulignant que son client "n'a pas à se laisser étrangler" et "arrête de frapper quand il est relâché", il a invoqué la légitime défense face à un homme qui "s'énerve vite" et est "réfractaire à l'autorité". Le tribunal correctionnel de Paris rendra son jugement le 2 juillet.

la rédaction avec AFP