Six faux serruriers jugés à Bobigny pour des escroqueries à répétition

(Photo d'illustration) - AFP
Ils se présentaient comme des serruriers professionnels mais leur facture finale s'avérait exorbitante: six escrocs présumés sont jugés depuis ce lundi par le tribunal de Bobigny pour une activité qui a généré 1,2 million d'euros en deux ans.
Âgés de 25 à 54 ans, les prévenus sont renvoyés devant le tribunal correctionnel pour escroquerie en bande organisée. Il leur est reproché d'avoir, en 2019 et 2020, effectué des réparations inexistantes, mal faites ou surfacturées, principalement en Île-de-France et en Gironde.
Au lieu du tarif de départ annoncé de 70 euros, les victimes se retrouvaient acculées à devoir débourser entre 2.500 et 10.000 euros pour ouvrir ou réparer leur porte. Des sommes réglées à des sociétés fictives domiciliées en Seine-Saint-Denis, avant d'être disséminées. Pour la cinquantaine de victimes identifiées par les enquêteurs, surtout des personnes âgées ou vulnérables, le préjudice est estimé à près de 100.000 euros.
"Faire du chiffre" à tout prix
Au coeur de cette affaire, deux hommes déjà connus des services de police pour des faits d'escroquerie, dont les pseudonymes étaient "Bernard" et "Kevin". Les victimes appelaient un numéro de serrurier paraissant légitime, trouvé sur un prospectus ou une annonce sur internet. Mais via un procédé de renvoi d'appels, la communication aboutissait sur un téléphone portable détenu par "Bernard", informaticien de 33 ans.
Celui-ci envoyait ensuite l'ordre d'intervention sur un groupe WhatsApp d'exécutants, gérés selon l'accusation par "Kevin", "freelance" de 25 ans multipliant depuis des années les ouvertures de sociétés vides.
Dans ce système huilé, il fallait "faire du chiffre". Les meneurs présumés faisaient fortement pression sur leurs "employés" pour qu'ils extorquent le maximum d'argent aux clients, quitte à casser davantage les portes pour facturer de nouvelles prestations.
Des pressions sur les clients
"Ta gueule sale gros porc, t'as pas fait un euro aujourd'hui !", tempête "Kevin" dans une conversation téléphonique sur écoute, lui-même se vantant de faire "2.000 balles de chiffre par jour". Si la victime se montrait réticente à payer, les "serruriers" affirmaient que l'assurance rembourserait la somme dans son intégralité, ou se montraient agressifs si nécessaire.
"Je (ne) leur ai jamais mis la pression pour payer", se défend d'une petite voix à la barre "Kevin", en jean et parka noire. Une déclaration qui soulève une bronca sur les bancs des parties civiles et oblige la présidente à intervenir pour rétablir le silence.
Le procès doit durer jusqu'à mercredi. Les prévenus encourent jusqu'à dix ans de prison et un million d'euros d'amende.