Quimper: polémique après une vidéo d'un "combat de boxe" entre un policier et un jeune

Le maire de la ville et la patronne de la police départementale ont tous deux défendu le policier et minimisé cet affrontement, filmé et largement diffusé depuis quelques jours.

Une enquête administrative a été ouverte pour connaître les circonstances qui ont amené un policier à enfiler des gants de boxe face à un homme, il y a quelques jours dans un quartier de Quimper, a-t-on appris de source policière.

Dans une vidéo postée sur le site du Télégramme, on voit deux hommes, l'un en uniforme de police, engagés dans un combat aux poings. La scène, filmée sur une pelouse au pied des immeubles du quartier de Kermoysan en présence d'une voiture de police, dure environ une minute et montre les deux adversaires échanger des coups, se repousser, maintenir la garde pour se protéger notamment la tête.

Un rendez-vous fixé

Selon Le Télégramme, le combat avait été organisé à la loyale: le fonctionnaire de police était venu honorer un rendez-vous fixé par son adversaire. Selon des médias locaux, l'affrontement avait été planifié une semaine après des violences urbaines dans le quartier où des voitures avaient brûlé. Pompiers et policiers avaient été pris à parti et essuyé des jets de projectiles.

"Un fonctionnaire de police de la direction départementale de la sécurité publique du Finistère s'est trouvé impliqué dans un combat de boxe organisé sur la voie publique dans le quartier de Kermoysan à Quimper", a confirmé la préfecture dans un communiqué. "En fonction du résultat de (l')enquête, des sanctions pourraient être prises."

Selon plusieurs sources, les deux hommes se connaissaient bien puisqu'ils ont été licenciés un temps dans le même club de boxe.

"Une façon de parler le langage de ces jeunes", selon le maire de Quimper

Face à l'emballement médiatique et à la polémique provoqués par la diffusion de la vidéo, le maire de Quimper Ludovic Jolivet a pris la défense du policier boxeur sur les ondes d'Europe 1.

"Je le soutiens, parce que cet agent-là est (...) très engagé, victime de harcèlement", a assuré l'édile. "Dans beaucoup de villes, la police a parfois tendance à ne pas aller là où il se passe des méfaits parce qu'elle n'a pas envie d'être caillassée. Ce policier-là (...) a dit 'Non, je vais faire mon métier, je viendrai la tête haute'. C'est une façon de parler le langage de ces jeunes."

Le maire de Quimper a ajouté qu'il demandait "une mansuétude de la part de la hiérarchie". 

Un combat "très consensuel"

Sur France Bleu Breizh Izel, la patronne départementale de la police a justement tempéré cet affrontement, assurant qu'il ne s'agissait pas d'un "vrai combat" mais d'un "assaut entre sportifs qui se connaissent très bien".

"Ils se touchent les gants au début et à la fin. Il n'y a pas la moindre lèvre fendue, pas le moindre bleu. On voit bien que c'est très consensuel. Tandis que la vidéo qui circule est très partielle. On a l'impression de quelque chose de violent, alors que ce n'est pas du tout le cas", a déclaré Nelly Jauneau-Poirier.

Elle a ajouté que le policier s'était excusé, notamment d'avoir participé à ce combat en uniforme, ce qui "a engagé l'institution". La patronne de la police départementale a par ailleurs ajouté que le fonctionnaire, qui est décoré de la médaille de bravoure, devait être "sanctionné au regard des règles déontologiques, et pas au regard de l'emballement médiatique".

Juliette Mitoyen avec AFP