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Police-Justice

Qui est Loup Bureau, emprisonné en Turquie depuis le 26 juillet ?

Ses avocats se mobilisent contre le transfert de Loup Bureau dans une prison à la frontière iranienne.

Ses avocats se mobilisent contre le transfert de Loup Bureau dans une prison à la frontière iranienne. - Capture Twitter

Le journaliste français a été arrêté le 26 juillet à la frontière turco-irakienne. Les autorités turques l'accusent d'appartenir à un "groupe terroriste armé" à cause d'un reportage diffusé sur TV5 Monde.

Cela fait maintenant 23 jours que Loup Bureau est détenu dans les geôles turques. Interpellé par les autorités à la frontière entre la Turquie et l’Irak le 26 juillet dernier, le journaliste français est poursuivi par un procureur de la province de Sirnak pour "appartenance à un groupe terroriste armé". Une accusation que le jeune homme de 27 ans nie fermement.

Alors qu’il traversait la frontière irako-turque avec des papiers en règle, Loup Bureau a d’abord été arrêté une première fois, placé en garde à vue, puis relâché dans la journée. Il a alors été arrêté une seconde fois par une unité antiterroriste, détaille Le Monde, puis inculpé dans la foulée.

Dans un communiqué transmis à l’AFP, ses avocats français et turc, Martin Pradel et Rusen Aytac, ont confirmé qu’il avait été mis en examen et était suspecté d’appartenance à "une organisation terroriste armée". Le journaliste de 27 ans, encore étudiant à l’Institut des hautes études des communications sociales à Bruxelles, risque 30 ans de prison.

"J'avais peur que mon fils soit tué ou kidnappé"

Originaire de la région nantaise, diplômé de l’IUT de Lannion en 2012, le journaliste a déjà collaboré pour plusieurs médias comme Arte ou Slate, et a déjà de nombreux voyages au compteur. Egypte, Ukraine, Syrie, Pakistan, Kurdistan… Loup Bureau connaît bien les zones marquées par les conflits.

"Connaissant sa passion pour le reportage de guerre, j’avais peur que mon fils soit tué ou kidnappé. (...) On s’attendait à ce que ce genre de situation puisse se produire", confiait ainsi son père Loïc Bureau à Ouest-France le 4 août.

C’est d’ailleurs lui-même qui a alerté la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères, remarquant que son fils ne donnait plus de nouvelles et qu’il n’y avait plus de mouvements sur son compte en banque.

Pendant plusieurs semaines, Loïc Bureau a critiqué le "silence général" du gouvernement et des politiques français. "Mon fils est innocent. (...) Il n’a rien fait de spécial, à part faire des reportages avec des photos, un reportage public qui est passé à la télévision française", plaidait-il début août sur RMC.

Un entretien entre Macron et Erdogan

Mardi, Emmanuel Macron s’est finalement entretenu avec Recep Tayyip Erdogan au sujet du jeune journaliste.

"Le Président de la République a (...) exprimé sa préoccupation sur la situation de Loup Bureau, étudiant en journalisme détenu en Turquie et son souhait que notre compatriote puisse être de retour en France le plus vite possible. Sur ce dernier sujet, les deux dirigeants ont convenu de se reparler la semaine prochaine", a rapporté un communiqué de l’Elysée.

Loup Bureau a également reçu sur son lieu d'incarcération la visite de membres du consulat de France en Turquie.

Un possible transfert

Les avocats sont particulièrement inquiets d’un possible transfert dans une prison près de la frontière iranienne, à neuf heures de route de son lieu d’incarcération actuel. Cela compliquerait la tâche pour sa défense, son avocat turc étant basé à Sirnak, et cela isolerait encore plus le jeune homme, dénonce Martin Pradel.

"Cela va avoir un effet désastreux, son avocat qui lui rend visite tous les deux jours, ne pourra plus travailler normalement, et lui va se retrouver isolé", expliquait-il à l’AFP le 8 août, soulignant "une atteinte très grave au libre exercice de sa défense".

Ce jeudi, le père de Loup Bureau a rapporté à Ouest-France que son fils avait une voix "atone" au téléphone.

"Il n'a pas le droit à la lecture"

"C’est quelqu’un de très dynamique, normalement. Il me semblait très fatigué. Je peux le comprendre car il est en isolement total. Les conditions matérielles de détention sont correctes mais l’enfermement mental n’est pas acceptable. (...) Il n’a pas le droit de recevoir de courrier ni d’en envoyer, y compris au consulat. Il n’a pas le droit à la lecture ni de recevoir de quoi écrire."

Un comité de soutien a été créé pour demander la libération de Loup Bureau, de même que plusieurs sociétés de journalistes (SDJ) se sont mobilisées. Une pétition sur le site change.org a déjà réuni plus de 24.000 signatures.

En moins d'un an, Loup Bureau est le troisième journaliste à être emprisonné en Turquie, après Olivier Bertrand et Mathias Depardon, détenus respectivement pendant trois jours et un mois.

Liv Audigane