Un homme condamné à la perpétuité pour le meurtre de sa femme enceinte, sa deuxième compagne à dix ans de prison

Clothilde G., 31 ans et enceinte de huit mois, a été tuée dans la nuit du 2 au 3 août 2022 à Montargis (Loiret). Son meurtrier a été condamné jeudi 18 septembre à la réclusion criminelle à perpétuité.

Un homme a été condamné ce jeudi 18 septembre à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de son épouse, enceinte de huit mois, en août 2022 à Montargis (Loiret), tandis qu'une peine de dix ans de prison ferme a été prononcée à l'encontre de sa deuxième compagne.

Sileye Ba, âgé de 38 ans, de nationalité sénégalaise, comparaissait depuis lundi devant la cour d'assises du Loiret avec sa deuxième compagne Dieynaba Kande, sénégalaise également et âgée de 34 ans, pour meurtre aggravé et violences habituelles.

Il a été reconnu coupable d'avoir porté les "coups les plus graves" avec "une volonté de donner la mort" à Clothilde G., 31 ans et enceinte de huit mois, dans la nuit du 2 au 3 août 2022. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec notamment une période de sûreté de vingt ans et le retrait de son autorité parentale.

Sa deuxième compagne a quant à elle été reconnue coupable de violences habituelles entre janvier et août 2022, sans avoir "participé à la mort de la victime". Elle a été condamnée à dix ans de prison, avec une peine de sureté aux deux tiers.

"Ma fille ne sera pas ressuscitée, ni le bébé, mais c'est une décision juste", a réagi le père de la victime, Didier Ghiti.

"Je ne vois rien d'autre que des menteurs"

Dans ses réquisitions, l'avocat général Pierre-Henri Cassitti avait demandé la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre des deux accusés, avec une peine de sûreté de vingt ans.

"Je ne vois rien d'autre que des menteurs", a tranché l'avocat général. "On ne sait pas qui a porté les coups mortels, mais les deux accusés ont frappé avec la même intensité et violence qui ont donné la mort".

Au cours des débats, ils se sont tous deux rejeté la responsabilité des coups mortels.

Sileye Ba a d'abord plusieurs fois évoqué des violences habituelles de Dieynaba Kande envers la victime, sur fond de jalousie et de tromperie, après avoir lancé que son seul crime avait été "de vivre sous le même toit avec deux femmes".

Mme Kandé s'est elle aussi dite victime de violences, décrivant l'emprise d'un mari jaloux, colérique, consommateur de produits stupéfiants et régulièrement violent.

La victime, mariée avec l'accusé, est morte à l'hôpital, tout comme le bébé quasiment à terme qu'elle portait.

"Absence d'empathie"

Selon l'autopsie pratiquée sur le corps de la victime, la cause de sa mort "est un traumatisme crânien grave", tandis que certaines des blessures "s'apparentent à des actes de torture et de barbarie. Les nombreuses lésions sont d'âges différents (...) et ont été constatées sur l'ensemble du corps".

Dans leurs justifications hésitantes, les deux accusés ne sont toutefois pas parvenus à expliquer une coupure à l'oreille ou des lésions vaginales, pas plus que M. Ba n'a motivé le récit de la soirée rapporté par l'une de ses filles aux policiers ou la marque de sa chevalière sur la victime.

L'avocat général a estimé que les coups portés l'ont été sur des "zones vitales, comme le crâne" et que "les étranglements effectués" l'ont été dans un but assumé de strangulation.

À l'audience, qui a semblé dessiner un triangle amoureux sous emprise, Sileye Ba a dit avoir rencontré la victime quelques années plus tôt au Sénégal, avant de se marier et de venir habiter en France avec elle. Il serait alors parvenu à convertir la victime au bayefallisme, branche marginale de l'islam notamment au Sénégal, s'érigeant en "guide spirituel" des deux femmes.

Les trois enfants du couple âgés de 2, 3 et 5 ans, comme celui de la seconde compagne, âgé de 3 ans, rapidement placés auprès de l'aide sociale à l'enfance, présentaient un état de saleté notable.

L'avocate de Sileye Ba, Me Christiane Aminata Diop, a annoncé que son client allait faire appel de la décision, "convaincue de la culpabilité de la co-accusée".

Les représentantes de Mme Kande ont, elles, salué auprès de l'AFP "une décision équilibrée et juste, à la hauteur des débats".

A. La. avec AFP