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Police-Justice

Prêtre tué et accusé de pédophilie: "Des choses n’ont pas été prises à leur juste valeur", regrette son évêque

Photo d'illustration.

Photo d'illustration. - Jewel Samad - AFP

L’évêque rattaché au diocèse dans lequel a exercé le père Matassoli, accusé de pédophilie, était en fonction depuis 2010. Malgré les plaintes qu’il a reçues, il n’a ouvert une enquête canonique qu’en 2018.

Depuis des décennies, "beaucoup de personnes étaient au courant" des agissements du père Roger Matassoli, le prêtre tué dans l’Oise début novembre et accusé de pédophilie. La première plainte contre lui remonte à 1984 et pourtant, l’homme d’église n’a été écarté de ses fonctions paroissiales qu’en 2009.

Le processus a été long à se mettre en place, "le prêtre, c’était comme le maire ou le médecin, on ne pensait pas qu’il puisse agir ainsi", explique dans les colonnes du Parisien Monseigneur Benoît-Gonnin, nommé évêque dans l’Oise en 2010. Dès son arrivée, il a été averti par une victime.

Mgr Benoît-Gonnin assure avoir reçu rapidement le père Matassolli pour tenter d’éclaircir la situation. "Ses réponses étaient très ambiguës. Il parlait de sa santé défaillante. Je me rends compte maintenant que c’était un de ses modes de défense, qu’il a employé également avec des victimes", explique-t-il pour justifier le temps de latence.

Une enquête canonique ouverte en 2018

Car plus longue encore a été l’attente avant que l’Eglise n’ouvre une enquête, en 2018. "Après le dépôt d’une plainte au civil, émanant d’une nouvelle victime, une procédure canonique a été engagée qui a permis d’entendre les victimes connues. Le père Matassoli a été alors interdit de tout ministère, même privé", précisait le 6 novembre dans un communiqué l’évêque de Beauvais, Noyon et Senlis.

Et d’admettre: "On peut regretter que certaines choses n’aient pas été prises à leur juste valeur."

A ce jour, trois plaintes ont été déposées contre Roger Matassoli mais celles-ci resteront sans suite en raison de l’extinction de l’action publique du fait de la mort du suspect. Reste que le nombre de victimes pourrait être bien plus important: "D’autres nous ont contactés depuis la mort du père Matassoli. Je ne peux pas dire combien exactement, c’est en cours", glisse prudemment Mgr Jacques Benoît-Gonnin, par ailleurs critiqué pour avoir salué la "face lumineuse" du père Matassoli lors de son inhumation.

Mort asphyxié

Parallèlement, l’enquête sur le meurtre de ce prêtre soupçonné de pédophilie suit son cours. Selon les résultats de son autopsie, il est mort par asphyxie et "des coups lui ont été portés à l'abdomen, au crâne et au visage", a fait savoir le procureur. Des examens complémentaires doivent encore être menés pour préciser les causes du décès.

Un suspect de 19 ans a été placé en garde vue avant d’être hospitalisé "sous contrainte", son attitude laissant "supposer d'importants problèmes mentaux", a annoncé le parquet de Beauvais. Il avait été interpellé le jour du meurtre au volant du véhicule du prêtre Roger Matassoli par la gendarmerie de Beaumont-sur-Oise.

Ambre Lepoivre