Pédocriminalité: la secrétaire d'Etat à l'enfance rappelle que "le consommateur d'images est complice"

"Un certain nombre d'adultes dans ce pays prennent du plaisir à regarder en ligne des images pédopornographiques". Quelques jours après le vaste coup de filet contre la pédocriminalité, au cours de laquelle 80 personnes ont été interpellées, dans 53 départements, la secrétaire d'Etat chargée de l'Enfance, Charlotte Caubel, a dénoncé, sur BFMTV, la banalisation de la consultation d'images pédopornographiques.
"Il y a beaucoup d'adultes, qui sont autour de nous, qui sont parfois aussi parents, qui régulièrement consomment, regardent des images pédopornographiques, pédocriminelles", a déploré Charlotte Caubel sur notre plateau, ce samedi, affirmant qu'en France, "il s'agit de "milliers de connexions par minute dans chaque ville".
"Si on fait un focus rien que sur le quartier où on se trouve, je suis sûre qu'il y a une centaine de connexions", estime Charlotte Caubel
Beaucoup "d'enfants de moins de 2 ans"
Sur les 80 personnes placées en garde à vue, 51 ont été déférées devant l'autorité judiciaire. 13 ont finalement été écrouées et 38 ont été placées sous contrôle judiciaire, ont fait l'objet d'une ouverture d'information judiciaire ou d'une convocation par procès-verbal assorti d'un contrôle judiciaire.
Cinq d'entre elles ont également été convoquées pour une audience en correctionnelle. Parmi les personnes interpellées, on retrouve un professeur des écoles, un homme connu pour viol incestueux, un surveillant d'enfants ou encore un élu local.
Pour la secrétaire d'Etat, les personnes qui consultent des sites pédocriminels sont "des criminels". Car derrière ces images, rappelle-t-elle, il y a des "enfants victimes de viols", et "beaucoup d'enquêtes concernent des enfants de moins de 2 ans", affirme Charlotte Caubel. "Ils donnent de l'argent pour avoir ces photos. Ces photos sont réalisées avec de vraies victimes de l'autre côté, ils ont une forme de complicité", dénonce la secrétaire d'Etat.
"Le consommateur d'images pédopornographiques est complice des infractions, des crimes qui sont faits sur ces enfants", ajoute Charlotte Caubel.
"Une espèce de banalisation"
Lors de ce coup de filet, un professeur des écoles, soupçonné d'agression sexuelle sur une élève, a été interpellé. Sur son ordinateur, les enquêteurs ont découvert des images déviantes sur des enfants dont il avait la charge. Selon les premiers éléments de l'enquête, l'homme consultait régulièrement des sites pédopornographiques et téléchargeait des vidéos. Un surveillant d'enfants, en situation de handicap, a lui aussi été arrêté. Mais l'homme était déjà connu pour des agressions sexuelles. Il a changé son identité pour pouvoir retravailler.
"On est aujourd'hui dans un cercle vicieux, entre des adultes qui vont se nourrir d'images sur Internet, et des adultes qui sont au contact d'enfants. J'ai la conviction que les uns nourrissent les passages à l'acte des autres", poursuit Charlotte Caubel.
Si les individus qui consultent des images pédocriminelles ne passent "pas à l'acte automatiquement", la secrétaire d'Etat estime qu'il y a un lien, "une espèce de banalisation de ce type d'images qui conduit finalement à ne plus avoir aucun obstacle dans la vie".
"Il n'est pas anodin, banal, d'avoir cette espèce d'addiction, d'aller voir ce type d'images, ils sont complices des faits qui sont commis sur ces enfants", ajoute-t-elle.
"Qu'on soit père, mère, enseignant ou derrière son écran, le problème, c'est d'utiliser l'enfant comme objet d'assouvissement sexuel. C'est inacceptable", enchaîne Charlotte Caubel.
"Ne mettez pas des images de vos enfants en ligne"
Ce coup de filet a été mené sous la coordination de l'Office des mineurs (OFMIN) avec les services de police de la direction nationale de la police judiciaire, la brigade de protection des mineurs, et la gendarmerie.
Lancé le 30 août dernier, l'Office des mineurs doit répondre "à la hausse des atteintes faites aux mineurs". "Il concentre des cyberenquêteurs, des enquêteurs en matière de violences faites aux enfants. On avait 35 personnes, on est passé à 85 enquêteurs qui bientôt auront des antennes sur tout le territoire", précise Charlotte Caubel, réaffirmant "l'engagement" de l'Etat sur le sujet.
Mais Charlotte Caubel appelle aussi les parents à la prudence. "Les images qui sont consultées par les pédocriminels sont des images que nous mettons nous-mêmes en ligne", explique-t-elle.
"Ce que je dis aux parents, c'est 'ne mettez pas des images de vos enfants en ligne'", met-elle en garde.