Menace de tuerie à Strasbourg: un "fake" à un million d'euros

Le jeune homme avait posté un message sur un forum de jeux vidéos pour menacer de tuer des camarades de lycée. - -
"Pour lui, il s'agissait d'un fake", a indiqué ce jeudi à la presse Michel Senthille, procureur de la République à Strasbourg. Il a annoncé que le jeune homme placé en garde à vue ces derniers jours, dans le cadre de l'enquête sur des menaces de tuerie en Alsace, a été mis en examen.
Le jeune homme, âgé de 17 ans et 10 mois, décrit comme "relativement banal", a "reconnu les faits de manière complète". Le 14 mai, un message laissé par un internaute sur un forum de jeux vidéos avait mis l'Alsace en émoi. Le texte expliquait "vendredi, je laisse ma trace dans l'histoire. La vie de beaucoup de gens, dont la mienne, finira ce jour-là. (...) Messieurs de la police, venez, je vous attends".
Cet étudiant en langues et civilisations arabes à l'Université de Strasbourg a affirmé qu'il ne voulait pas passer à l'acte mais qu'il s'agissait d'un canular. Il "a assuré qu'il n'y avait aucune volonté d'attenter à la vie de quelqu'un", a précisé le procureur. "Jusqu'à présent, aucune arme n'a été retrouvée et les explications sont que l'arme n'existerait pas", selon le procureur.
Le jeune homme a été présenté au juge d'instruction, remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire compte tenu de sa minorité. Il sera poursuivi pour "communication ou divulgation de fausse information dans le but de faire croire que des homicides vont être commis", a précisé le procureur. D'après les Dernières Nouvelles d'Alsace, le suspect aurait exprimé des regrets:
Le suspect aurait exprimé des regrets #LiveMenaces
— DNALive (@DNALive_) July 11, 2013
Un canular à 1 million d'euros
Le procureur de la République s'est lancé, lors de la conférence de presse, dans un descriptif détaillé des moyens humains et techniques engagés pour l'enquête, pour un coût estimé à "environ un million d'euros". Des centaines de policiers avaient été mobilisés en mai dans le Bas-Rhin.
"Il y a des canulars qui ont un coût économique et financier mais aussi un coût humain", a-t-il indiqué. "La facture ne sera pas présentée à l'auteur", a-t-il néanmoins ajouté.
Passible de 2 ans de prison
Le parquet avait ouvert en mai une information judiciaire contre X du chef de "communication ou divulgation de fausse information dans le but de faire croire que des homicides vont être commis".
La diffusion d'un tel canular est passible de deux ans de prison et 30.000 euros d'amende, peines qui peuvent toutefois être réduites si la justice reconnaît au jeune homme l'"excuse de minorité".
17 interpellations ont déjà eu lieu dans toute la France, qui se sont avérées sans liens avec l'affaire.
Une conversion sans rapport avec l'affaire
L'étudiant strasbourgeois a été identifié à l'issue d'un "travail de fourmi" des enquêteurs -dont le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a salué jeudi la "minutie" et "l'opiniâtreté". Les enquêteurs se sont intéressés aux magasins strasbourgeois susceptibles de vendre la marque de son pull à capuche, puis ont épluché et recoupé plus de 1.000 relevés de cartes bancaires. En étudiant l'âge des acheteurs et leur lieu d'habitation, ils ont pu remonter jusqu'au jeune homme.
Dans son message, il se décrivait comme "asocial", sans amis, et disait se trouver "insignifiant". Mais ce discours relève d'une "construction", a souligné Michel Senthille. "Il n'est pas désocialisé, il n'est pas seul et abandonné. C'est une description à l'inverse de ce qu'il est", selon le procureur.
L'adolescent, qui a décroché son bac l'an dernier à 16 ans, s'est converti à l'islam il y a deux ans. Toutefois, "c'est une chose qui lui est tout à fait personnelle, et dont il est démontré qu'elle n'a strictement aucun rapport avec cette affaire", a noté le magistrat. D'ailleurs, le jeune homme n'avait fait aucune référence à la religion dans son message en ligne.