Marianne voilée: 5.000 euros d'amende requis contre le directeur de Valeurs Actuelles

Cinq mille euros d'amende ont été requis contre le directeur de Valeurs Actuelles, après la Une du magazine sur une Marianne voilée (photo d'illustration). - Pascal Rivani - AFP
Cinq mile euros d'amende ont été requis mardi contre le directeur de la publication de Valeurs actuelles pour provocation à la haine envers les musulmans. Yves de Kerdrel devait répondre de la Une de l'hebdomadaire du 22 septembre 2013, sur laquelle on pouvait voir une Marianne voilée d'un niqab.
Le magazine titrait alors: "Naturalisés: l'invasion qu'on cache", ainsi qu'une série d'expressions appelant à la discrimination, la haine ou la violence. L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) avait alors décidé de saisir le tribunal correctionnel de Paris.
"Profondément républicain"
A la barre, Yves de Kerdrel a fait valoir que l'hebdomadaire de droite, qu'il dirige depuis deux ans, avait "toujours été profondément républicain". "Je m'honore que ce journal ait toujours lutté contre le racisme, l'antisémitisme, la xénophobie", a-t-il estimé, ajoutant qu'il n'avait "pas de leçon à recevoir".
"Le fait que cette une soit attaquée témoigne d'une régression du débat intellectuel", a-t-il poursuivi, déplorant que "ce qui pouvait être dit il y a 25 ans ne peut plus être dit aujourd'hui. Que la face de la France est en train de changer ne peut plus être dit".
"On aurait pu illustrer ça avec une Marianne aux yeux bridés, peu importe", a-t-il soutenu, se défendant de toute "volonté de stigmatiser" une population en particulier.
Un euro de dommages et intérêts
Pour l'UEJF, Me Stéphane Lilti s'en est pris à l'"extrême violence" de cette une "contre l'ensemble des musulmans". L'association a demandé un euro de dommages et intérêts, comme SOS Racisme. La Maison des potes et la Licra ont quant à elles demandé chacune 10.000 euros de dommages et intérêts. Toutes ont demandé des publications du jugement.
La couverture "joue avec les amalgames et les raccourcis", a estimé la procureure Solène Gouverneyre, pour qui le terme d'invasion "incite en lui-même au rejet par sa connotation agressive". Pour elle, il s'agit d'une "exhortation à la haine envers la communauté musulmane". Le jugement a été mis en délibéré au 3 février prochain.