LVMH accusé d'avoir espionné François Ruffin à l'époque du tournage de Merci Patron!

François Ruffin en mars 2019 à Marseille. - GERARD JULIEN / AFP
Mediapart révèle dans un article publié ce mardi que François Ruffin et son journal satirique Fakir ont été sous surveillance à la demande du groupe LVMH, au moment de la production du film Merci Patron!, qui avait reçu le César du meilleur film documentaire en 2017.
Les différents documents et témoignages recueillis par le site d'investigation indiquent que l'Amiénois et le journal ont été surveillés entre mars 2015 et février 2016. À cette époque, François Ruffin n'était pas encore député pour la France Insoumise mais toujours journaliste pour le trimestriel d'Amiens.
Ce film documentaire racontait le combat d'un couple d'anciens ouvriers d'LVMH dans le nord de la France qui étaient parvenus, avec l'aide du réalisateur, à obtenir de l'argent de Bernard Arnault, l'une des plus grosses fortunes de France.
Bernard Arnault entendu par la police
Mediapart affirme que que la société LVMH a fait appel à un "cabinet privé d’intelligence économique dirigé par un ancien policier" pour exercer cette mission. Il indique aussi que cette surveillance a valu à Bernard Arnault d'être entendu le 17 janvier dernier par la police dans le cadre d'une enquête visant Bernard Squarcini, l'ancien patron de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). À l'heure actuelle, Bernard Squarcini travaille notamment pour LVMH, via une société de conseil privée qu'il a créée en 2013.
Bernard Arnault, patron du groupe de luxe français, a assuré pendant son audition n'avoir "aucune information à ce sujet". Quant au groupe LVMH, contacté par l'AFP, il n'a pas souhaité faire de commentaire.
"On apprend aujourd'hui que les deux Bernard, Arnault et Squarcini, s'appliquent à me surveiller, moi, Fakir et mes proches", a réagi sur Twitter François Ruffin, qui "étudie" la possibilité de porter plainte et remercie Mediapart pour son enquête.
"Je tiens surtout à souligner une chose: la porosité entre la surveillance privée et la police nationale. Une police nationale devenue police des PDG", a-t-il encore dénoncé sur le réseau social.