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Limoges, Saint-Ouen, Nîmes... Face aux violences urbaines, quelle efficacité pour le couvre-feu des mineurs?

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Après un enchaînement d'épisodes de violences urbaines impliquant des jeunes, plusieurs villes de France ont mis en place un couvre-feu pour les mineurs, au bilan parfois mitigé.

Dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 juillet, une centaine de personnes cagoulées et armées ont défié les forces de l'ordre à Limoges (Haute-Vienne). "C'est une guérilla urbaine. Ils sont organisés, structurés, c'est programmé, il y a un plan, un armement, un guet-apens donné aux policiers et aux usagers de la route", a déploré le maire de la ville.

Des affrontements qui ont lieu alors qu'un couvre-feu est imposé aux mineurs de moins de 13 ans durant toutes les vacances scolaires par la municipalité. De quoi interroger sur l'efficacité de la mesure.

"Le bilan, pour le moment, il n'est pas bon. On a eu des manifestations de jeunes, personne n'a pu les intercepter et les arrêter, le couvre-feu n'a servi à rien. Si on n'a pas la police pour le faire respecter, en face c'est inutile", estime Émile Roger Lombertie, maire (DVD) de Limoges sur BFMTV.

Une partie des familles "n'ont plus les moyens de leurs ambitions éducatives"

Pourtant, malgré les interrogations autour du couvre-feu, les villes où ce dernier s'applique se multiplient. À Saint-Ouen-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), depuis le 17 juillet dernier, les jeunes de moins de 16 ans doivent rester chez eux de 23h30 à 6 heures du matin.

"Les mamans et les papas disent 'merci, on soutient totalement cette décision'. Les familles, dans les milieux populaires et les classes moyennes, malheureusement une bonne partie d'entre elles n'ont plus les moyens de leurs ambitions éducatives. C'est la raison pour laquelle la puissance publique doit les accompagner", explique Karim Bouamrane, maire (PS) de Sain-Ouen-sur-Seine.

Dans les Yvelines, à Triel-sur-Seine, le maire a instauré un couvre-feu pour les mineurs de moins de 18 ans, après plusieurs actes de délinquance, afin, dit-il, de redonner le pouvoir aux parents'.

"Ils vont pouvoir demander à leurs enfants ce qu'ils font et être réellement informés de là où ils vont et avec qui ils traînent. On a trop souvent des enfants pris trop tard par la police nationale ou municipale lorsqu'ils font des dégradations", estime Cédric Aoun, maire (SE) de la commune.

Pour que le couvre-feu soit efficace, il faut également mettre en place des initiatives d'éducation et de prévention pour la jeunesse, selon Bruno Pomart, ancien instructeur du Raid. "Je crois que c'est essentiel. Si on n'arrive pas à faire ça, on ne s'en sortira jamais", estime ce dernier.

"On sera toujours en réaction, les forces de l'ordre seront toujours en réaction sur tous ces sujets", craint le président du think tank "Initiative sécurité intérieure".

À Nîmes, où plusieurs fusillades ont eu lieu ces dernières semaines, un couvre-feu est d'ailleurs instauré à partir de ce lundi soir. Selon le préfet du Gard, la mesure permettra de protéger les enfants des narcotrafiquants qui pourraient les enrôler.

Hilal El Aflahi et Blandine D’Alena avec Alixan Lavorel