Le sort de Vincent Lambert suspendu à la CEDH

Le siège de la CEDH, à Strasbourg. - -
Nouveau rebondissement dans l'affaire Vincent Lambert. Saisie en urgence par ses parents et ses deux frères et soeurs, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a demandé en urgence, mardi soir, le maintien en vie de ce tétraplégique de 38 ans, resté dans un état végétatif depuis six ans.
Quelques heures auparavant, ce mardi, le Conseil d'Etat s'était prononcé en faveur de l'arrêt des soins qui maintiennent artificiellement en vie Vincent Lambert.
Suspension de l'arrêt du Conseil d'Etat
"Ayant pris connaissance de l'arrêt rendu par le Conseil d'Etat", la CEDH a décidé de demander au gouvernement français "de faire suspendre l'exécution de cet arrêt, pour la durée de la procédure devant la Cour", précise un courrier adressé par la CEDH au gouvernement français, et communiqué par l'un des avocats des parents, Me Jean Paillot.
De fait, la décision de la CEDH suspendent la décision du Conseil d'Etat et obligent l'hôpital de Reims a réalimenter Vincent Lambert pour le maintenir en vie, le temps pour celle-ci d'examiner le dossier.
Par ailleurs, cette décision interdit son déplacement de l'hôpital. "Cette mesure implique que Vincent Lambert ne soit pas déplacé avec le but d'interrompre le maintien de son alimentation et de son hydratation", précise en effet la Cour. Par exemple en Belgique, où l'euthanasie active est légale.
La famille toujours déchirée
"La famille est soulagée, heureuse", a indiqué mardi soir sur BFMTV un autre avocat des parents de Vincent Lambert, Me Jérôme Triomphe, après la décision de la CEDH. "Après le coup de massue qui a été celui de la décision du Conseil d'Etat, c'est une bouffée d'oxygène, un soulagement véritable".
"C'est un nouvel épisode, un de plus, qui prolonge d'autant la situation dramatique de Vincent", a de son côté regretté le docteur Eric Kariger, qui dirige le service de soins palliatifs du CHU de Reims où est hospitalisé Vincent Lambert. "Nous allons devoir [lui] faire encore subir des traitements qui relèvent d'un acharnement thérapeutique et de l'obstination déraisonnable qu'il redoutait tant lui-même", a-t-il ajouté.
François, le neveu de Vincent Lambert, a lui aussi dénoncé "un acharnement de plus pour un corps qui n'en peut plus".
Le dossier étudié sur le fond
La CEDH a été saisie lundi par les parents de Vincent Lambert d'une demande d'intervention sur la base de l'article 39 de son règlement, qui prévoit qu'elle peut imposer aux Etats des mesures urgentes et provisoires, "à titre exceptionnel, lorsque les requérants seraient exposés - en l'absence de telles mesures- à un risque réel de dommages graves et irréversibles".
Après cette décision conservatoire, prise en urgence, le dossier va désormais être étudié sur le fond par la Cour européenne, laquelle précise avoir décidé "que la requête serait traitée en priorité".