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Police-Justice

Le bâtonnier de Melun: "Je lui ai demandé de m'épargner le visage"

Des enquêteurs de la police judiciaire dans le tribunal, peu après les coups de feu.

Des enquêteurs de la police judiciaire dans le tribunal, peu après les coups de feu. - Thomas Samson - AFP

Le bâtonnier de Melun, grièvement blessé jeudi dernier par un avocat qui a ensuite retourné l’arme contre lui, raconte à RTL et au Parisien ce qu'il s'est passé ce jour-là. "J'ai jeté un coup d'oeil à mon téléphone, et quand j'ai relevé la tête, il pointait une arme à feu imposante droit sur mon coeur", a-t-il confié.

Me Henrique Vannier, le bâtonnier de Melun (porte-parole des avocats, ndlr) qui a failli perdre de la vie la semaine dernière après avoir été attaqué par un avocat qui s’est ensuite suicidé, se dit aujourd'hui "miraculé". Le 29 octobre dernier, il arrive "relativement tôt, vers 8 heures" au palais de justice, relate-t-il sur RTL. Sa secrétaire l'informe alors que l'avocat Joseph Scipilliti, l’auteur de l’attaque, souhaite le rencontrer.

"Lorsqu'elle m'a dit cela, je lui ai dit: 'S'il vient dans une demi-heure, dans une demi-heure je suis mort'", confie-t-il à la radio. L'avocat l'avait en effet déjà indirectement menacé de mort par le passé, et venait d'apprendre qu'il était suspendu pour trois ans. "Je suis assez altruiste donc je finis par demander à ma secrétaire de l'appeler pour connaître le motif du rendez-vous. Elle me dit: 'Il souhaite se réinstaller'. Et sur ce motif futile, finalement, je lui dis: 'Pourquoi pas dans une demi-heure?'"

Le bâtonnier: "Il m'a manqué un quart de seconde"

Me Joseph Scipilliti, dont on sait par un document retrouvé plus tard qu’il avait prémédité son geste, se présente au bureau du bâtonnier, qui le fait entrer dans la pièce. Henrique Vannier raconte la suite au Parisien.

"J'ai jeté un coup d'oeil à mon téléphone, et quand j'ai relevé la tête, il pointait une arme à feu imposante droit sur mon coeur. Puis il m'a dit: "Ne bouge pas." J'ai dû le surprendre, car j'ai tout de suite essayé de le désarmer en lui lançant un dossier dessus." Mais la manoeuvre ne suffit pas. "J'ai essayé d'avancer vers lui, mais il a tiré une balle qui m'a plaqué au mur. Ensuite il a voulu m'achever en visant la tête, mais je me suis protégé avec le bras. La balle m'a traversé le biceps gauche, puis la gorge, et a sectionné ma jugulaire."

"L'humain est revenu, il m'a laissé la vie"

Henrique Vannier s’effondre, grièvement blessé mais encore conscient. Son agresseur promet de l’achever, avant d’avaler des cachets "afin de se donner le courage de retourner son arme dans la bouche", poursuit-il.

"Je lui ai demandé de m'épargner le visage, pour que mes enfants de 10 et 7 ans puissent me revoir une dernière fois", continue Henrique Vannier. "Et c'est à partir de ce moment-là que je vois son visage changer. L'humain est revenu. L'avocat a réussi à convaincre aussi peut-être et j'ai parlé de Jules et Théo. Je lui ai dit: 'Soit tu me laisses le visage, soit tu me laisses la vie', et il m'a laissé la vie".

Joseph Scipilliti, qui était en conflit avec l'ordre des avocats depuis plusieurs mois, se tire alors une balle à hauteur de la tête, et s’écroule, mort sur le coup. Dans sa lettre, envoyée dans la nuit de mercredi à jeudi à plusieurs personnes, l’avocat de 63 ans se disait persécuté par l'institution judiciaire. Criblé de dettes, il faisait notamment l'objet de poursuites disciplinaires depuis octobre 2014 en raison de manquements déontologiques.
C. P. avec A. G.