L'IGS enquête après un reportage de TF1 impliquant des CRS

Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis - -
Des CRS impassibles à quelques mètres d’un riverain menacé par des dealeurs. Les images ont choqué jusqu’au sommet de l’Etat. Selon des informations du Parisien, l’Inspection générale des services, IGS, la police des polices parisienne, a ouvert une enquête disciplinaire après la diffusion le 25 novembre dernier sur TF1 d’un reportage dans l’émission 7 à 8 intitulé "La loi des dealers" et consacré au trafic de drogue qui gangrène la ville de Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis.
Filmés en caméra cachée
Dans ce reportage tourné en grande partie en caméra cachée,les journalistes accompagnés d'un riverain, se font inquiéter par des dealers, alors qu'ils tournent des images dans la cité Emile-Cordon à Saint-Ouen. Un quartier classé zone de sécurité prioritaire (ZSP) par Manuel Valls, le ministre de l'Interieur.
Craignant que le riverain ne soit agressé, les journalistes interpellent alors une patrouille de CRS qui passent à quelques mètres. Ceux-là leur rétorquent alors qu'ils ne peuvent intervenir. "On ne peut pas y rentrer", assure l'un d'eux, " on a des consignes particulières".
Les CRS s'expliquent alors: "Il faut que (les dealers) puissent continuer de vivre", de toute façon, "je pense qu'il n'y a pas vraiment de volonté que le trafic s'arrête".
Le riverain réapparaît finalement quelques minutes plus tard, sain et sauf, mais dit avoir été menacé par la bande du guetteur.
Une enquête administrative est ouverte
Choquée, la préfecture a décidé de retrouver les deux CRS pour qu'ils s'expliquent sur ces "consignes" qu'ils auraient reçues de ne pas intervenir. Le préfet de police Bernard Boucault a demandé l’ouverture immédiate d’une enquête administrative pour retrouver les fonctionnaires. Une démarche soutenue le ministère de l’Intérieur.
"Il est inacceptable d’entendre des policiers dire qu’ils ont pour ordre de ne pas bouger", a indiqué au Parisien, une source proche du dossier. A elle d’ajouter : « soit cette histoire de consignes est fausse, et ils risquent des sanctions, soit de telles instructions existent bel et bien, et il faut savoir qui les leur a données".
Parallèlement, l’IGS s’intéresse à un autre agent de police intervenant dans ce même reportage, d'après le Parisien. Egalement flouté, celui-ci montre aux journalistes des images de trafiquants "au travail" qu’il a lui-même filmés sur son temps libre. Selon les informations du Parisien, le fonctionnaire a été retrouvé et entendu cette semaine. Il aurait démissionné de la police depuis le tournage et ne devrait donc pas être inquiété.