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Police-Justice

L'accident du RER B résulte d'"un affaissement très difficile à détecter", plaide un expert

Gilles Dansart, directeur de Mobilettre, abonnement digital consacré à la mobilité.

Gilles Dansart, directeur de Mobilettre, abonnement digital consacré à la mobilité. - BFMTV

Comment la RATP n'a-t-elle pu anticiper l'accident du RER B après les fortes pluies qui se sont abattues, notamment sur l'Ile-de-France? Un spécialiste des transports nous répond.

"Ce matin, premier RER partant de Saint-Rémy-lès-Chevreuse vers Paris, malheureusement, glissement de terrain lié aux fortes intempéries. La première voiture est passée et les deuxième, troisième et quatrième voitures se sont couchées", résume Catherine Guillouard, PDG de la RATP. Heureusement, le bilan du déraillement ne fait état que de sept blessés légers. La voie quant à elle ne sera pas remise en état de fonctionnement si facilement. Cela prendra "sans doute plusieurs jours", a-t-elle continué, s'exprimant devant la gare de Courcelle-sur-Yvette.

Mais comment cet accident a-t-il pu se produire malgré la surveillance du réseau? "Il est rare d'avoir autant d'intempéries juste avant le premier train. C'est un affaissement qui est très difficile à détecter et donc c'est assez miraculeux qu'il n'y ait pas eu de blessés graves ce matin. Mais encore une fois, détecter ce genre d'affaissement de la plate-forme est très difficile", explique Gilles Dansart, directeur de Mobilettre.

Le risque zéro n'existe pas, selon le spécialiste: "Il y a des tournées régulières pour savoir si les talus sont en bon état, si les plates-formes résistent à un certain nombre d'aléas météo, si le ballast est suffisamment consistant. C'est vraiment parce qu'il y a eu une accumulation soudaine d'intempéries, et l'enquête devra le déterminer, que le talus s'est dérobé sous la voie. C'est un cas tout à fait exceptionnel qui va sans doute faire l'objet de retours d'expérience comme on dit au sein de la RATP et de l'ensemble des transporteurs. Mais c'est un cas inédit qui s'est produit ce matin."

"Des capteurs" pour une surveillance en temps réel

Une manière de prévenir ce genre de sinistres ne serait-elle pas de faire passer une rame à vide, avant que ne s'engagent les rames emmenant des voyageurs?

"Il y a toujours des rames de début de service, de reconnaissance. Manifestement il y a eu un subi affaissement entre la rame de reconnaissance et la rame de voyageurs, donc il est très difficile d'anticiper ce genre de situation. C'est tellement exceptionnel qu'on ne peut pas modéliser tous les cas."

Si la surveillance humaine ne peut pallier tout risque, que les modèles mathématiques ne peuvent tout prévoir dans les moindres détails, que faire? L'électronique semble être une solution pérenne, mais sa mise en oeuvre prend du temps, explique Gilles Dansart.

"L'ensemble des gestionnaires d'infrastructures ferroviaires équipent beaucoup de voies ainsi que les rails, les ballasts, etc, de capteurs pour surveiller en temps réel. Dans quelques années, quand on aura équipé l'ensemble de ces structures de ces capteurs en temps réel, peut-être qu'il y aura des signaux d'alerte capables de prévenir le conducteur d'un incident. C'est peut-être la solution à long terme, mais on n'en est pas encore là car il y a des milliers, des dizaines de milliers de kilomètres de voies. Donc ça mettra un peu de temps, mais c'est sans doute ça la solution."

Les blessés, dont une femme enceinte, ont été hospitalisés, a précisé la préfecture des Yvelines. La gare de Torcy, totalement inondée, n'est plus desservie en direction de Marne-la-Vallée-Chessy, a également indiqué la RATP. Les alertes intempéries, qui courent jusqu'à mercredi 13 heures, concernent 10 départements.

David Namias