INFO BFMTV. un important réseau de proxénétisme, avec des victimes mineures âgées de 13 à 15 ans, sera jugé lundi à Pontoise

La balance de la justice (photo d'illustration) - DAMIEN MEYER - AFP
Sept jeunes accusés comparaîtront, à partir de lundi 15 septembre, devant la cour d'assises des mineurs du Val d'Oise pour des faits particulièrement graves. Il leur est reproché d'avoir prostitué de très jeunes adolescentes, âgées de 13 à 15 ans.
Le 18 mars 2022, les policiers du Val d'Oise reçoivent une information particulièrement préoccupante. Un jeune homme, Warren M, âgé seulement de 20 ans au moment des faits, est soupçonné de s'adonner à une activité de proxénétisme dans des chambres d'hôtel de Cergy, dans le Val d'Oise.
Le renseignement anonyme fait état du recrutement de plusieurs jeunes femmes mineures, proposant des prestations sexuelles tarifées via un site internet.
Seul dans la chambre d'un hôtel avec une mineure
Quelques mois plus tôt, le jeune homme était dans le viseur de la police pour des suspicions similaires. En octobre 2021, il a d'ailleurs été retrouvé seul dans la chambre d'un hôtel de Cergy, en compagnie d'une jeune fille de 14 ans, en fugue d'un foyer. Mais aucune procédure n'a été déclenchée à la suite de cette découverte.
À partir de mars 2022, les enquêteurs du Val d'Oise vont mettre les moyens pour tenter de démanteler ce qui va vite leur apparaître comme étant un important réseau de prostitution de mineurs.
En effet, en regardant dans les comptes bancaires des suspects et en procédant à des interceptions téléphoniques, les suspicions vont se préciser. "Les interceptions ont permis de matérialiser des rendez-vous avec des clients, uniquement dans leurs voitures, pour des prestations sexuelles tarifées", indique une source proche de l'enquête.
Warren M. et Jordan M, tous deux majeurs au moment des faits, étaient alors identifiés par les enquêteurs comme étant des membres actifs du réseau.
Des victimes d'"une grande fragilité", âgées de 13 à 15 ans
Quatre jeunes victimes étaient finalement identifiées par les enquêteurs. "Elles sont caractérisées par une grande fragilité en raison de leur parcours de vie, comme il ressort des auditions de leur entourage ou de la lecture de leur dossier d'assistance éducative," souligne une source proche de l'enquête.
Placées en foyer, fugueuses, les jeunes filles présentaient le profil de proies faciles.
"Ce dossier met en lumière une tragique similitude entre les jeunes filles victimes. Toutes étaient en situation de fugue, et la majorité d’entre elles étaient placées à l’Aide sociale à l’enfance (ASE)", affirme Inès Davau, avocate de l'association EACP, qui accompagne les mineurs victimes de prostitution sur le plan judiciaire et dans tout le processus de reconstruction.
Elle ajoute: "Ce constat est récurrent devant les cours d’assises et soulève une question cruciale: celle de leur vulnérabilité au moment des faits. S’interroger sur cette vulnérabilité revient aussi à questionner la responsabilité de l’État et l’efficacité des structures sociales censées les protéger."
Elle "devait se justifier de tout retard ou incident"
L'une de ces victimes était régulièrement menacée par Warren M., selon l'ordonnance de mise en accusation que BFMTV a pu consulter.
Ce dernier pouvait se montrer "directif et menaçant envers la jeune fille de 15 ans, lui reprochant de s'endormir alors que des clients étaient susceptibles de la contacter tout en l'insultant régulièrement".
Le jeune homme était aussi soupçonné de systématiquement demander des comptes à la jeune fille "quant à sa localisation et au temps passé sur chaque prestation, cette dernière devant se justifier de tout retard ou incident", déclare une source proche de l'enquête.
"Ma cliente avait à peine 14 ans lorsqu'elle a été la victime de jeunes sans scrupules, qui ont fait le choix délibéré de vendre son corps au risque de détruire son âme, pour s’enrichir à ses dépens", explique Cathy Richard, avocate de l'une des victimes et de l'association Innocence en danger.
Elle insiste: "Il est impératif d’alerter sur le danger que représente le proxénétisme des mineur(e)s en France aujourd’hui, et de mettre en œuvre des moyens efficaces de prévention, de protection et de répression."
Le réseau présumé interpellé en deux temps
En mai 2022, une première opération d'interpellations est déclenchée, avant une seconde en octobre de la même année.
Selon nos informations, le chiffre d'affaires du réseau pouvait atteindre les 15.000 euros en seulement deux mois. L'enquête a permis d'établir que les quatre jeunes plaignantes se sont prostituées, sur des périodes allant de quelques jours à plusieurs mois, principalement dans des véhicules et pour certaines à un rythme quotidien particulièrement élevé.
"Une partie des faits est reconnue et celui que je défends fera face à ses responsabilités. Il appartiendra ensuite aux débats de déterminer les responsabilités respectives des uns et des autres", indique Hedi Dakhlaoui, avocat de Warren M, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, car en situation de récidive au moment des faits reprochés.
"Cette audience devant la Cour d’assises du Val d’Oise réunira des personnalités carencées, tant sur le banc des accusés que sur celui des parties civiles, dans un contexte de banalisation de la sexualité et de la prostitution", ajoute-t-il.
L'audience aura lieu du 15 au 26 septembre
Jordan M., lui, est soupçonné d'avoir géré de manière quotidienne l'activité prostitutionnelle de l'une des adolescentes ainsi que son intendance, en procédant à de nombreuses réservations d'hôtel entre juillet 2021 et février 2022. Son avocate n'était pas joignable dans l'immédiat.
L'audience, qui devrait se dérouler à huis clos, aura lieu devant la Cour d'assises des mineures de Pontoise du 15 au 26 septembre 2025. Les accusés, six jeunes hommes et une jeune fille, devront répondre de l'infraction de proxénétisme aggravé sur mineur de 15 ans.