Il pesait 27 kilos à 14 ans: une mère de famille jugée à Rennes pour maltraitance sur son fils

Un enfant maintenu reclus pendant 14 ans par sa mère ou une mère trop aimante comme elle s'en défend? Stéphanie D., 48 ans, est jugée ce jeudi par le tribunal correctionnel de Rennes pour "privation de soins" et "soustraction par un parent à ses obligations légales" après un signalement il y a un an du service pédiatrique du CHU de la ville.
En juillet 2022, Stépahine D. se présente avec son fils de 14 ans aux urgences pédiatriques de l'hôpital de Rennes soupçonnant une allergie. Sur place, l'équipe médicale soupçonne des maltraitances.
L'adolescent ne pèse alors qu'une trentaine de kilos, quand un enfant de cet âge en pèse en moyenne une cinquantaine. Des évaluations auraient relevé des déficits d'ordre éducatif ou intellectuel. L'enfant ne remplit pas non plus un parcours vaccinal complet.
Enseignement sur Internet
Le garçon est né, de père inconnu, aux Philippines. Sa mère ayant choisi un accouchement naturel, sa naissance avait été déclarée à l'Ambassade de France. Revenu en France, l'enfant n'est pas scolarisé. Stéphanie D. construit alors une relation quasi fusionnelle avec son fils unique, elle estime alors que c'est à elle de lui faire l'école.
"Il y a un trop-plein d'affection, contrairement à beaucoup de dossiers d'enfants maltraités où c'est l'inverse", a affirmé son avocat à l'AFP, évoquant "un dossier atypique".
Issue d'un milieu aisé, diplômée en architecture et histoire de l'art, Stéphanie D. fait fréquenter les bibliothèques, les musées ou encore les cinémas à son fils, en guise d'éducation. À l'époque, la famille vit à Paris, ils déménagent juste avant le Covid à Rennes. Là, l'adolescent poursuit son enseignement mais en consultant des sites Internet, encadré par sa mère, expliquait Stéphanie D. sur BFMTV en mai dernier. "Nous avons une vie extérieure qui est très riche, beaucoup de monde nous connaît", assure-t-elle.
"Je suis absolument scandalisée, nous étions heureux avant ce mois de juillet 2022", témoigne-t-elle.
"Trop plein d'affection"
À la suite du signalement par le CHU de Rennes, le parquet ouvre une enquête préliminaire. Stéphanie D. a été placée deux fois en garde à vue avant d'être placée sous contrôle judiciaire dans l'attente de son procès. Pour son avocat Me Emmanuel Ludot, cette mère, loin des normes, a eu le tort de refuser de "collaborer avec les services sociaux, c'est ça qui a déclenché" les poursuites. Elle a notamment refusé une expertise psychiatrique.
La mère de famille se défend de toute maltraitance, ni de dénutrition. "Mon fils est de morphologie fine, détaillait sur BFMTV Stéphanie D. Il a toujours eu à manger autant qu’il le voulait, autant d’un point de vue quantitatif que d’un point de vue qualitatif. Il a une très bonne santé, il n’a jamais été malade, aucun souci particulier." Sur cet aspect-là de l'éducation du garçon, la mère reconnaît ne pas avoir imposé de cadre à son fils.
"Elle a toujours fait ce qu'elle a pu pour cet enfant", abonde la mère de Stéphanie D.
L'audience de ce jeudi devrait se tenir à huis clos, le parquet de Rennes ne souhaitant pas s'opposer à la demande de la défense de Stéphanie D. La mère de famille risque jusqu'à sept ans de prison et 100.000 euros d'amende. Depuis le début de la procédure, le jeune homme a été placé auprès de l'aide sociale à l'enfance. Selon Me Emmanuel Ludot, il n'a toujours pas été scolarisé depuis son placement en foyer.